Mali-conflit CMA-GATIA, une guerre tribale en filigrane

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Le 02/08/2016 à 13h28, mis à jour le 02/08/2016 à 13h52

Depuis deux ans, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et le Groupe autodéfense Touareg Imghad et Alliés (Gatia) s’affrontent régulièrement au nord du Mali. Au fond, c’est une guerre tribale que se livrent les Ifoghas et les Imghads, deux tribus touaregs du grand nord malien.

Les affrontements à répétition depuis 2014 entre les combattants de la CMA avec à sa tête Bilal Ag Chérif et le Gatia, dont le chef militaire est le général El Hadj Gamou, traduit l’antagonisme entre les deux tribus à Kidal. C’est une évidence que tentent de cacher les rebelles de la CMA.

Dans un communiqué en date du 30 juillet, le Gatia étale le fond de cette guerre fratricide qui torpille la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

«Le Gatia précise que la crise actuelle de Kidal tire ses origines du conflit intercommunautaire qui oppose les Imghads et les Ifoghas que ces derniers tentent de nier en public, empêchant sa prise en charge dans les discussions. Le Gatia constat avec regret toutes les manœuvres déployées par certains responsables Ifoghas, qui, au lieu de reconnaître la réalité de la crise et s’engager à lui trouver une solution juste et équitable, tentent d’étendre ce conflit à certaines communautés de la région de Kidal, elle-mêmes victimes de leurs activités prédatrices», peut-on lire dans le communiqué.

Hamada Ag Bibi, député de la région de Kidal, Ifoghas confiait à nos confrères du "22 Septembre", vendredi dernier, que les Imghads ne peuvent pas entrer par la force à Kidal. «Nos frères Imghads se trompent de combat. Ils utilisent les moyens de l’Etat, les ressources humaines nationales, notamment des éléments des forces armées maliennes pour nous combattre. Il faut qu’ils reviennent à la raison et qu’ils sachent qu’ils ne pourront pas entrer à Kidal par la force. Kidal n’est pas chez eux. Gamou et tous les autres sont de la région de Gao…», a-t-il déclaré.

Voilà ce qui explique bien la difficile cohabitation entre les deux groupes armés, membres signataires de l’accord et engagés dans le processus de paix et le retour de la stabilité.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 02/08/2016 à 13h28, mis à jour le 02/08/2016 à 13h52