Mali: quand les armes de la Minusma voyagent entre Dakar et Bamako sans escorte

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Le 25/08/2016 à 16h16, mis à jour le 25/08/2016 à 17h58

Des munitions de la composante sénégalaise de la Minusma ont été transportées dernièrement du Sénégal vers le Mali avec un laxisme inquiétant. Tout en regrettant cet impair, la mission des Nations-Unies annonce avoir pris des décisions pour que de telles légèretés ne se reproduisent plus.

Dans une poudrière comme le Mali, infectée de terroristes, le transport d’armes doit se faire dans des conditions optimales de sécurité. Ce ne fut pas le cas, malheureusement, lors du transport des lots de munitions d’armes, du Sénégal vers le Mali, par la composante sénégalaise de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies au Mali (Minusma) lors d’un transport de 25 caisses contenant 7500 munitions en provenance du Sénégal.

Conséquence: la cargaison, qui devrait approvisionner le contingent de la Minusma à Gao a été interceptée par la Douane malienne.

En effet, si cet approvisionnement rentre dans le cadre normal des procédures d’approvisionnement des contingents des pays engagés dans la stabilisation du Mali, ce transfert ne bénéficiait pas de mesures sécuritaires à la hauteur de cette cargaison un peu particulière. Les munitions étaient convoyées par un véhicule de la compagnie de transport de voyageurs «Nour Transport» avec un seul agent de sécurité, un officier de la police sénégalaise.

Outre le fait que les munitions transportées ne bénéficiaient pas de la protection nécessaire, l’officier qui accompagnait la cargaison ne disposait même pas d’un ordre de mission faisant allusion au transport de munitions pour le compte de la Minusma.

Du coup, les douaniers maliens du poste frontalier de Diboli entre le Sénégal et le Mali ont intercepté les lots d’armement en attendant d’avoir une idée claire sur la destination de ces armes. Ce qui est plus que logique dans un environnement régional marqué par l’insécurité.

Suite à cet incident, la Minusma a publié hier une note de clarification, précisant que le lot de 25 caisses contenant 7.500 munitions saisi était destiné à réapprovisionner l’unité de police sénégalaise déployée au sein de la Minusma dans la région de Gao. Et que l’officier convoyeur était membre de cette unité. Elle a rappelé que «les pays contributeurs de police ont la charge de fournir et d'assurer par leurs propres moyens l'acheminement du matériel requis par leurs contingents et éléments déployés dans le cadre des missions de maintien de la paix».

«Une fois les pièces justificatives reçues des autorités du pays contributeur, elles ont été fournies aux autorités maliennes. Le lot de munitions a été convoyé à Bamako sous l’escorte de la gendarmerie de Kayes. Ces munitions seront acheminées par transport aérien par la Minusma à destination de Gao pour être livrées au contingent concerné», indique la Minusma. En outre, la mission onusienne souligne que «toutes les mesures seront prises pour éviter qu’un tel regrettable incident ne se reproduise».

Ces clarifications coupent court aux supputations et autres interprétations dont faisait l’objet cette affaire que la Minusma a qualifiée d’incident regrettable. Certains parlaient de trafics d’armes en provenance du Sénégal. Toutefois, elles montrent une fois de plus la légèreté des responsables sécuritaires de la région face aux risques terroristes.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 25/08/2016 à 16h16, mis à jour le 25/08/2016 à 17h58