Mali: les peulhs de Mopti sont-ils sur les traces des rebelles touaregs?

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Le 15/09/2016 à 12h09, mis à jour le 15/09/2016 à 16h19

Mopti, le centre du pays inquiète beaucoup les acteurs engagés pour la stabilité du Mali. Cette région, située au centre du pays, est de plus en plus en proie à l’insécurité caractérisée par des conflits inter communautaires tout aussi dangereux pour la stabilité, l’unité et la cohésion sociale.

Depuis la création de fameux Mouvement de libération du Macina, à majorité peulhe, dirigé par le prédicateur radical Amadou Kouffa, la région retient l’attention de tous les acteurs impliqués dans la gestion de la crise malienne, dont les partenaires du Mali notamment la Minusma. La faible présence de l’Etat dans cette région, l’intensité des conflits communautaires et les attaques djihadistes au centre du Mali réunissent les ingrédients d’une insurrection des communautés locales, notamment les peulhs, majoritaires dans la région, qui se plaignent d’amalgame de la partes autorités dans leur lutte contre les terroristes.

Aujourd’hui, la question peulhe est sur toutes les lèvres au point de faire passer au second plan celle des Touaregs de la capitale de l’Adrar des Ifoghas, Kidal.

La création des mouvements identitaires ne rassure guère quant à la stabilisation de la région. En juin dernier, naissait un mouvement politico-militaire appelé Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peulhe et la restauration de la justice (ANSIPRJ). Dirigé par Oumar Aldjana, ce mouvement se fixe comme objectif de mettre fin aux exactions contre tous les Peulhs du Mali, mais particulièrement ceux du centre, victimes d’amalgame dans la traque contre les terroristes du mouvement d’Amadou Kouffa. Le 19 juillet 2016, l’ANSIPRJ s’autoproclame auteur de l’attaque djihadiste contre le camp de Nampala (cette revendication s’est révélée fausse par la suite). Tout récemment le 09 septembre, ce mouvement politico-militaire peulh a revendiqué l’embuscade tendue aux forces de défense et de sécurité près de Boni, qui a fait trois morts et deux blessés.

Sur le terrain, au lieu d’un groupe (Mouvement de libération du Macina), ce sont désormais deux groupes armés qui mènent la vie dure aux militaires maliens dans le centre du pays.

Ce n’est pas tout. Le week-end dernier, c’est un nouveau mouvement qui a vu le jour. Dénommé Coordination des associations peulhes, il est dirigé par le Pr. Aliou Nouhou Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale malienne. C’est dire que la situation est grave et mérite une plus grande attention des autorités. Selon ses initiateurs, ce mouvement qui regroupe l’ensemble des associations peulhes s’oppose aux exactions contre cette communauté et va servir d’interlocuteur de celle-ci auprès des autorités.

La menace est si grande dans cette région que la Minusma, en collaboration avec le Canada et les autorités maliennes, vient de renforcer la sécurité du périmètre du camp militaire Hamadou Barry, dit Balobo, de Sévaré afin de faire face aux nouvelles menaces.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 15/09/2016 à 12h09, mis à jour le 15/09/2016 à 16h19