C'est en début de semaine qu'a été célébrée au Mali la journée mondiale de lutte contre les mutilisations génitales faites aux femmes, un phénomène qui touche 85% à 91% des Maliennes. C'est Traoré Oumou Touré, ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille qui a donné le coup d'envoi des travaux.
Les participants ont dénoncé une pratique ancrée dans la culture ouest-africaine, mais qui a la peau dure sur les bords du fleuve Niger. En effet, il suffit de franchir le mont Fouta Djallon, où le Niger prend sa source, pour trouver en Guinée le taux de femmes excisées le plus élevé au monde, soit 95%, juste après la Somalie (98%).
En Côte d'Ivoire, elles sont 38% de femmes de plus de 15 ans qui sont touchées par ces mutilations. Et au Sénégal, encore 25% des femmes sont victimes de cette tradition, avec des disparités énormes d'une région à une autre. Ainsi, à Kédougou, à la frontière avec le Mali, le taux est exactement le même qu'à Bamako, alors qu'à Dakar, les cas sont rares.
Cette violence à l’égard des femmes et des filles est l’une des violations des droits fondamentaux les plus fréquentes dans le monde. Selon les statistiques, plus de deux cent millions de filles et de femmes dans le monde ont été victimes d’excision. Une pratique qui a souvent des conséquences graves sur la santé psychologique, sexuelle et reproductive des femmes. En Afrique, on estime le nombre de victimes à 91,5 millions de femmes et de filles de plus de 9 ans vivant actuellement avec les conséquences de ces mutilations. L'Indonésie et le Moyen-Orient ne sont pas épargnés, avec des dizaines de millions de femmes victimes.
Toujours en Afrique, on estime que trois millions de filles risquent tous les ans de subir ces pratiques traditionnelles néfastes, aux antipodes des recommandations de la religion. Si les tendances actuelles se poursuivent, 86 millions de filles supplémentaires âgées de 15 à 19 ans risquent elles aussi de subir des mutilations génitales féminines d’ici à 2030.
Ces chiffres font peur. La pression sociale, le tabou autour du sujet, le manque d’information sur les conséquences néfastes pour la santé, les croyances et superstitions très ancrées dans les communautés font de l’excision une des pratiques traditionnelles les plus difficiles à éradiquer.