Sommet UA-UE: l'Algérie exclue de la réunion la plus importante d'Abidjan

A Abidjan, on se demande pourquoi, malgré son armée, ses services de renseignement et sa proximité géographique avec la Libye, l'Algérie a été exclue de cette rencontre cruciale sur le résolution de la crise libyenne.

A Abidjan, on se demande pourquoi, malgré son armée, ses services de renseignement et sa proximité géographique avec la Libye, l'Algérie a été exclue de cette rencontre cruciale sur le résolution de la crise libyenne.. DR

Le 30/11/2017 à 16h58, mis à jour le 30/11/2017 à 17h01

Mardi 29 novembre, l'Algérie n'a pas été conviée à la réunion sur la Libye, la plus importante de ce 5e sommet Union africaine-Union européenne. Pourtant ce dossier concerne un problème qui est à sa porte.

A peine a-t-il repris sa place dans l’organisation continentale que le Maroc fait de l’ombre à ceux qui fanfaronnaient, se prétendant incontournables au sein de l’Union africaine. A Abidjan, la réunion la plus importante du sommet est sans doute celle qui s'est tenue hier, le 29 novembre, et qui devait se pencher sur la question libyenne. Malgré sa position en Afrique du Nord, l’Algérie en a été soigneusement éconduite. Seuls y ont pris part les pays qui ont la volonté et la capacité d’agir pour changer la regrettable situation que vivent les migrants, mais également les Libyens eux-mêmes.

Ainsi, à côté du Niger et du Tchad, voisins de la Libye, les responsables de l’ONU, de l’Union européenne et de l’Union africaine y ont pris part. Parmi les Européens, les pays représentés étaient la France et l’Allemagne, mais également l’Italie et l’Espagne dont les côtes sont prises d’assaut par la vague migratoire. Deux autres pays ont participé à cette rencontre: le Congo, dont le président Denis Sassou Nguesso s’occupe du Haut Comité sur la Libye, et le Maroc, dont la présence s’imposait d’elle-même. D'une part, c’est Mohammed VI qui a été désigné Champion en matière d’immigration par les autres chefs d’Etat du continent. D'autre part, le Maroc est l’unique pays d’Afrique du Nord à être devenu un vrai pays d’immigration, qui déploie une réelle politique de régularisation à destination des immigrants. 

Comment en est-on arrivé à exclure l'Algérie de la résolution d'un problème qui se situe à ses portes? La situation interroge d’autant plus que cette solution aurait pu inclure une dimension militaire ou du moins policière. Si l’Union européenne et l’Union africaine en sont arrivées à se passer de l’Algérie, c’est que cette dernière doit être bien inutile quand il s’agit de défendre les grandes causes. Seul l’intéresse réellement ce qui se passe à l’intérieur de ses frontières, qu’elle s’empresse de fermer dès que le voisin peut avoir besoin d’elle.

Il faut demander au gouvernement malien pour s’en convaincre. En 2012, quand les bandes armées des groupes islamistes ont quitté la Libye pour s’emparer du nord du Mali, l’Algérie a préféré agir en spectateur, n’hésitant pas à faire la moue face à l’intervention salvatrice de la France. Concernant le problème libyen, son attitude a été identique, considérant qu’il s’agit d’un problème interne. L’attitude d’Alger consiste à dire, sans l’ombre d’un regret: "Qu’ils se débrouillent eux-mêmes".

En outre, les sorties dédaigneuses des dirigeants algériens à l'encontre des migrants subsahariens ont suffi pour convaincre les responsables africains et européens de ne pas associer l’Algérie à une éventuelle solution. C’est pourquoi à Abidjan, personne n’a réellement regretté l’absence des responsables du gouvernement d'Ahmed Ouyahia.

Pourtant, c’est au cours de cette réunion que les décisions les plus importantes d’Abidjan ont émergé, apportant des réponses claires à la situation qui prévaut en Libye.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/11/2017 à 16h58, mis à jour le 30/11/2017 à 17h01