Les guerres africaines

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Le 26/10/2021 à 11h18, mis à jour le 26/10/2021 à 11h19

Bien d’autres causes de conflictualité menacent l’Afrique. Ainsi la question des eaux du Nil qui oppose l’Egypte à l’Ethiopie et les problèmes liés à la démographie qui vont immanquablement déclencher des luttes pour l’espace, d’autant plus que le changement climatique va provoquer des migrations.

Les grands conflits africains débutèrent après les indépendances et ils eurent trois grandes formes:

1-Certains furent limités à un pays et ils se déroulèrent en «vase clos», même si leurs conséquences entraînèrent une déstabilisation régionale.

Ce fut le cas de la guerre du Biafra (juillet 1967-janvier 1970), des guerres du Congo-RDC entre 1960 et 1964, de celles l’Ouganda (1979-1986) du conflit du Sud-Soudan (1955 aux années 2000), du Burundi (de 1965 à 2005).

2-D’autres impliquèrent plusieurs pays, ainsi les guerres du Tchad (Tchad, Soudan, Libye, France). Les guerres d’Angola (1975- 1989) ont vu s’affronter les forces armées de l’Afrique du Sud, de l’Angola, de Cuba et du Pacte de Varsovie. Entre 1996 et les années 2010, celles du Zaïre/RDC ont concerné l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Zimbabwe, la Namibie, l’Angola et le Tchad.

3-Certains opposèrent directement deux pays: Maroc-Algérie (1963), Ethiopie-Somalie (années 1970), Tanzanie-Ouganda (1978-1979), Mali-Burkina Faso (1985). Le conflit Ethiopie-Erythrée découla de la sécession de l’Erythrée qui enleva à l’Ethiopie son seul débouché maritime sur la mer Rouge, ce qui en fait un pays enclavé. Le conflit Ethiopie-Soudan, qui a éclaté en 2021, est la conséquence d’un tracé frontalier colonial contesté. Quant à celui du Sahara occidental (Algérie, Polisario, Maroc et un temps Mauritanie), il résulte des découpages coloniaux qui ont amputé le Maroc de sa profondeur méridionale.

Depuis les années 1990, l’Afrique a connu de nouvelles formes de conflictualité, certaines étant des résurgences d’anciennes oppositions ethniques mises entre parenthèses durant la période coloniale et la guerre froide. Ainsi, au Rwanda, au Burundi, au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Tchad, en Ouganda, en RDC, en Zambie, au Congo, au Cameroun, au Nigeria, au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire, au Nigeria etc.

Ces conflits n’ont généralement pas une origine économique. Même si l’économie a pu ponctuellement les favoriser ou les prolonger, elle n’en fut en effet pas la cause.

Les guerres de Sierra Leone, du Liberia ou de l’Ituri n’eurent ainsi pas pour origine le contrôle des diamants, du bois ou du coltan car ce furent des conflits ethniques qui prirent de l’ampleur et qui, ensuite, s’autofinancèrent avec les diamants, le bois et le coltan.

Les guerres du Tchad ont éclaté dès les années 1960, donc quatre décennies avant la découverte et la mise en exploitation du pétrole et leur origine se trouve dans l’opposition entre les populations nordistes et sudistes, puis dans la guerre interne aux ethnies nordistes (Toubou, Goranes et Zaghawa). Il en fut de même avec les guerres touareg du Niger et du Mali.

Au centre et au sud du Mali, c’est la résurgence de conflits antérieurs à la période coloniale qui a fait entrer des querelles paysannes amplifiées par la surpopulation et par la détérioration climatique, dans le champ du jihad régional. En effet, dans le Mali central et dans le nord du Burkina Faso, les massacres de Peul par des Dogon et de Dogon par des Peul découlent d’abord de conflits datant de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle, quand la région fut conquise par des éleveurs Peul dont l’impérialisme s’abritait à l’époque derrière le paravent du jihad.

Depuis 2011, une conflictualité nouvelle embrase la bande saharo-sahélienne (BSS) frappée par l’extension de la guerre qui a éclaté au Mali à la fin de l’année 2011 et au début de 2012. Un conflit qui, par capillarité, a essaimé au Niger puis au Burkina Faso et qui présente une grande nouveauté quant à son mode opératoire, dans la mesure où il prétend s’ancrer sur des revendications religieuses. Il en est de même dans le nord-est du Nigeria.

Bien d’autres causes de conflictualité menacent l’Afrique. Ainsi la question des eaux du Nil qui oppose l’Egypte à l’Ethiopie, également les problèmes liés à la démographie qui vont immanquablement déclencher des luttes pour l’espace, d’autant plus que le changement climatique va provoquer des migrations.

Comment ces conflits seront-ils alors traités, là est la grande question car l’OUA (Organisation de l’Unité africaine), née le 25 mai 1963 avant d’être transformée en UA (Union africaine) en 2002 n’a, jusqu’à aujourd’hui, pas été en mesure de les prévenir et encore moins de les traiter.

Par Bernard Lugan
Le 26/10/2021 à 11h18, mis à jour le 26/10/2021 à 11h19