Conquête du ciel africain: la RAM devant Air Algérie et Tunisair

DR

Le 11/03/2017 à 17h37, mis à jour le 11/03/2017 à 22h09

Royal Air Maroc, Air Algérie et Tunisair ambitionnent respectivement de faire de Casablanca, Alger et Tunis des hubs pour l’Afrique. Pour le moment, la RAM a pris une longueur d’avance sur ses deux autres rivaux. La concurrence s’annonce rude dans les années à venir.

Les trois compagnies aériennes maghrébines –Royal Air Maroc (RAM), Air Algérie et Tunisair- essayent de se positionner en acteurs-clés du transport aérien entre l’Afrique et le reste du monde.

Dans cette optique, chacun des trois pays de la région essaye de se positionner en tant que hub de transport aérien pour le continent. Toutefois, Royal Air Maroc a pris une bonne longueur d’avance sur ses deux concurrents du Maghreb qui continuent à tergiverser sur les politiques à adopter. Les bonnes relations politiques et économiques entre le Maroc et les pays africains et une stratégie à long terme bien exécutée ont permis à la compagnie marocaine de jouer un rôle majeur dans le transport aérien au niveau du continent. Tunisair, en liaison avec la nouvelle politique africain de la Tunisie compte combler son retard.

Royal Air Maroc: un maillage continental en ligne avec la politique du royaume

C’est incontestablement la compagnie leader en Afrique du Nord en matière de liaison avec le continent africain. La compagnie relie le Maroc à 30 pays du continent (31 villes) dont 26 en Afrique subsaharienne.

Avec ces liaisons, la RAM multiplie les possibilités de connexions au niveau du hub de Casablanca. Ainsi, après avoir couvert le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest et centrale, la RAM s’est attaqué à l’Afrique de l’Est avec l’ouverture l’an dernier de la liaison Casablanca-Nairobi (Kenya) qui permet de desservir cette région dynamique du continent.

Suite à la dernière visite royale, il est très probable que d’autres liaisons soient programmées dans cette région, notamment avec l’Ethiopie où siège l’Union africaine et de nombreuses institutions régionales, panafricaines et onusiennes. La compagnie compte aussi se lancer en Afrique australe en reliant dans l’avenir Casablanca à Johannesburg.

Pour certaines destinations, comme Dakar (Sénégal), la compagnie assure jusqu’à 3 liaisons quotidiennes. Sur Abidjan, la RAM assure 12 vols hebdomadaires avec Casablanca. Ainsi, sur Abidjan, la compagnie a déjà dépassé la barre des 100.000 voyageurs par an, se positionnant au 3e rang derrière Air Côte d’Ivoire et Air France sur le marché ivoirien.

Avec ce réseau, la RAM joue un rôle essentiel dans le transport aérien intra-africain et entre l’Afrique et le reste du monde via le hub de Casablanca. Aujourd’hui, pour se rendre dans deux pays africains, plusieurs voyageurs du continent prennent la RAM et passent par le hub de Casablanca. Ainsi, environ 1,4 million de voyageurs du continent sont transportés sur les lignes africaines de la RAM dont plus de 80% en continuation.

Grâce au hub de Casablanca, à l’importance de sa flotte composée de 56 appareils et sa centaine de destinations couvertes de part le monde, la RAM demeure de loin la compagnie la plus africaine du Maghreb. D’ailleurs, cela se reflète même au sein de son équipage multiculturel avec des salariés venant de l’Afrique subsaharienne.

Air Algérie: un hub qui tarde à se concrétiser

Depuis quelques années, Air Algérie annonce son ambition de faire de l’aéroport d’Alger un hub pour le continent africain. A l’instar du Maroc, la compagnie algérienne jouit d’un bon positionnement et de moyens avec une flotte importante dépassant celle de Royal Air Maroc. Toutefois, la comparaison s’arrête là. En effet, la compagnie algérienne a du mal à s’affirmer sur le continent, à l’instar des milieux d’affaires.

Avec 59 appareils et 73 destinations couvertes, dont plus des deux-tiers à l’international, Air Algérie ne dessert en tout que 8 pays du continent dont 3 maghrébins. Pourtant, il y a quelques années, la compagnie avait annoncé en grande pompe son expansion en Afrique et l’ouverture de nombreuses destinations : Benin, Togo, Ethiopie, Tchad, Gabon, Cameroun, etc.

Toutefois, traversant une conjoncture difficile depuis la baisse des cours du pétrole, la compagne semble avoir remis aux calendes grecques son développement sur le continent. Pire, elle a suspendu il a quelques mois sa liaison avec Abidjan, faute de clients. Au même moment, la RAM se renforce sur cette ligne avec un taux de remplissage plus qu’exceptionnel.

Le problème est que malgré les moyens, Air Algérie n’arrive pas à concocter une véritable stratégie africaine. Partant, la volonté de faire de l’aéroport d’Alger un hub africain devient chimérique.

Tunisair: une offensive sur le continent mais sans les moyens avec

Tunisair a lancé une offensive vers le continent africain dans l’optique de faire de Tunis un hub au profit du continent. L'objectif est également d'accompagner la nouvelle politique du gouvernement tunisien à destination du continent.

A date d’aujourd’hui, la compagnie ne dessert que 5 destinations en Afrique subsaharienne: Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Niger. Toutefois, dans le cadre de sa nouvelle offensive, elle compte ouvrir de nombreuses nouvelles lignes. 

Ainsi, à partir du 27 mars, Tunisair va lancer son premier vol vers Conakry (Guinée) avec une fréquence de deux vols hebdomadaires. Ensuite, les lignes à destination de Cotonou (Bénin) et Lomé (Togo) seront lancées avant la fin de l’année en cours et seront raccordées à la ligne desservant Abidjan (Côte d’Ivoire). De même que la ligne Tunis-Douala a été raccordée à Libreville (Gabon) et N’Djamena (Tchad).

En outre, la compagnie tunisienne compte aussi s’ouvrir à l’est de l’Afrique avec le lancement des liaisons Tunis-Khartoum (Soudan) avec un raccordement à Addis-Abeba (Ethiopie) et Nairobi (Kenya).

En plus de l'ouverture de nouvelles lignes, Tunisair compte renforcer sa présence sur certaines destinations dont Dakar (Sénégal) à raison de 6 vols contre 4 actuellement et sur Abidjan (Côte d’Ivoire) avec désormais un vol quotidien.

Ainsi, avec ces ouvertures annoncées, la compagnie sera reliée dans un avenir proche à une vingtaine de pays africains dont une quinzaine en Afrique subsaharienne.

Toutefois, la compagnie tunisienne est limitée par la faiblesse de sa flotte qui ne compte que 29 appareils monopolisés par les vols à destination de l’Europe.

De plus, la compagnie a été confrontée à des difficultés financières et sociales depuis la révolution de 2011, même si on note un redressement de la compagnie depuis fin 2016.

Par Moussa Diop
Le 11/03/2017 à 17h37, mis à jour le 11/03/2017 à 22h09