Covid-19: contagions et vaccination, voici l’état des lieux au Maghreb

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Le 08/09/2021 à 16h20, mis à jour le 08/09/2021 à 16h37

On note une décrue des contagions au Covid-19 au Maghreb. Les campagnes de vaccination se poursuivent au moment où est annoncée l'arrivée de nouveaux variants. Dans certains pays de la région, la vaccination des enfants de 12-17 ans a démarré dans l'optique d'assurer une rentrée scolaire plus sure.

La décrue des contagions au Covid-19 est perceptible au niveau du Maghreb. Le nombre de nouveaux cas de contamination enregistré au niveau des trois pays de la région continue sur son trend baissier.

Toutefois, l’heure n’est pas au triomphalisme, mais à la vigilance et à l’accélération des campagnes de vaccination afin d’immuniser le plus grand nombre de citoyens surtout avec l’apparition de nouveaux variants, plus contagieux et jugés potentiellement plus dangereux.

Ainsi, l’accent est désormais mis, dans certains pays de la région, sur la vaccination des 12-17 ans pour assurer une rentrée scolaire et universitaire plus sure. L’objectif est d’augmenter la couverture vaccinale, limiter la diffusion du Covid-19 aux populations les plus fragiles (personnes âgées et malades) et protéger cette population en diminuant les risques d’infections sévères, d’hospitalisation, d’admission aux soins intensifs et de la mortalité liées aux variants du Covid-19 qui s’attaquent de plus en plus aux jeunes.

Et sur ce point aussi, c’est le Maroc qui donne le tempo aussi bien au Maghreb qu’en Afrique, conscient qu’il sera impossible d’immuniser la population alors que les nouveaux variants du Covid-19 touchent de plus en plus les jeunes.

Ainsi, au Maroc, après les personnes âgées et les adultes, l’heure est à la vaccination des adolescents de 12-17 ans. Entamée le mardi 31 août 2021, la vaccination de cette catégorie de la population se poursuit à un rythme soutenu. En effet, à la date du 7 septembre 2021, déjà 470.000 doses de vaccins ont été administrées à ces adolescents.

Et la vaccination de cette catégorie de la population devrait s’accélérer suite à la réception de nouveaux lots de vaccins et de l’approche de la rentrée scolaire et universitaire, finalement repoussée au 1er octobre prochain dans le but d’immuniser les écoliers avant la rentrée.

A noter que le Maroc a administré 35,52 millions de doses de vaccins à sa population. Sur ce, 16 millions de personnes ont reçu les deux doses alors que plus de 3,53 autres millions ont reçu leur première dose. En clair, 43,24% de la population totale marocaine (37 millions d’habitants) a reçu les deux doses des vaccins anti-Covid-19. Un taux de vaccination largement au-dessus de la moyenne mondiale qui se situe à 28,3%.

Un succès qui s’explique par une politique anticipative des autorités qui ont été dynamiques en matière d’approvisionnement en vaccins et ce, malgré les obstacles mis en place par les pays producteurs et grâce à un dispositif logistique bien huilé qui permet de vacciner quotidiennement plusieurs dizaines, voire des centaines, de milliers de personnes, selon la disponibilité des vaccins.

Au Maroc, 889.224 cas de Covid-19 ont été enregistrés depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19 pour 13.224 décès. Ce qui fait du Maroc le pays de la région le plus touché par la pandémie. Toutefois ce nombre s’explique essentiellement par le fait que c’est le pays qui a effectué le plus de tests anti-Covid-19 au niveau de la région avec 8,32 millions de tests réalisés jusqu’à présent.

En Tunisie, plus de 6,26 millions de doses ont été administrées. Sur ce, 2,51 millions de personnes ont été totalement vaccinées, soit 21,5% de la population tunisienne. Ce qui positionne la Tunisie au second rang des pays de la région Afrique du Nord, Egypte compris, qui ont le plus vacciné leur population. Un chiffre en deçà de la moyenne mondiale qui se situe à 28,3%.

Depuis l’apparition de la pandémie, la Tunisie a enregistré 678.363 cas confirmés d’infection au Covid-19 pour 23.993 décès. Il s’agit du second pays du continent africain ayant enregistré le plus de décès liés au Covid-19 après l’Afrique du Sud. La réticence au début de la population vis-à-vis des vaccins et l’échec des autorités à s’approvisionner en doses et à convaincre la population à se faire vacciner expliquent ces mauvais chiffres.

Toutefois, la vague meurtrière du variant Delta a poussé les autorités à solliciter l’aide internationale. De nombreux pays ont apporté leurs soutiens à travers des approvisionnements en vaccins, l’installation d’hôpitaux de campagne, l’approvisionnement en oxygène médical…

Ce qui a permis au pays d’enclencher une véritable campagne de vaccination et de réaliser un bond vers l’immunisation d’une partie notable de sa population. Cette vaccination est certainement une des raisons de la décrue constatée actuellement au niveau des contagions au Covid-19.

Aujourd’hui, les craintes d’une nouvelle hausse des contagions, en lien avec l’ouverture prochaine des établissements scolaires, se précise. En conséquence, les autorités tunIsiennes ont démarré la vaccination des adolescents. Toutefois, il y a de fortes réticences des parents à faire vacciner leurs enfants âgés de 12 à 17 ans. Ainsi, certains professionnels de l’enseignement tunisien, comme Lassad Yacoubi, secrétaire générale de la Fédération générale de l’enseignement secondaire, pense que pour sécuriser la rentrée scolaire, il faut vacciner les enfants et pense qu’il faut même rendre obligatoire leur vaccination. La réticence des parents est accentuée par les surdoses de vaccin Pfizer administrées à plusieurs dizaines d’enfants au niveau des gouvernorats de Kéblili et Gafsa par erreur.

Seul hic, avec la décrue des contagions, la population devient à nouveau un peu réticente à se faire vacciner. Ainsi, le 7 septembre, sur 95.214 personnes convoquées pour la vaccination, seulement 31.278 se sont présentées.

Pour ce qui est de l’Algérie, selon les données distillées par le Dr Fawzi Derrar, directeur de l’Institut Pasteur d’Algérie, plus de 8,3 millions de doses ont été administrées depuis le lancement de la campagne de vaccination en janvier 2021. Toutefois, seulement 2 millions d’Algériens sont totalement vaccinés. Des chiffres qui attestent de l’échec de la campagne de vaccination lancée par les autorités algériennes sans aucune préparation et en l’absence de vaccins à cause de l’absence d’une politique anticipative des autorités.

Accusant un retard considérable par rapport à ses voisins et durement touchés par la 3e vague de contamination au Covid-19, les autorités algériennes ont annoncé une accélération de la cadence des vaccinations avec un objectif de vacciner 20 millions d’Algériens avant la fin de l’année en cours.

Pour y arriver, 6.381 points de vaccination à travers l’Algérie ont été mis en place avec des équipes médicales travaillant par vacation 24h/24, y compris les week-end, afin de rattraper le retard accusé par le pays. Placé sous le slogan «avec la vaccination, la vie continue», le ministère de la Santé algérien annonce que cette opération se poursuivra jusqu’au 11 septembre. Baptisée le «Big day», elle cible uniquement les personnes âgées de plus de 18 ans. Seulement, de l’aveu du Dr Derrar, la campagne lancée par le ministère de la Santé «n’est pas encore au niveau escompté notamment durant les deux derniers jours».

Cette campagne va notamment cibler les enseignants et les travailleurs du secteur de l’enseignement afin d’assurer une rentrée sociale et scolaire plus sécurisée.

Et concernant la vaccination des enfants de 12 à 17 ans, l’Algérie qui connaît un retard dans la vaccination des adultes ne semble pas en faire une priorité. Ainsi, les autorités se cantonnent-elles à souligner qu’elles suivent avec beaucoup d’attention les campagnes de vaccination dans le monde, avant de prendre des décisions appropriées et convenables.

L’Algérie a été durement touchée par la 3e vague de contagion à cause du variant Delta entraînant la saturation des hôpitaux dédiés au Covid-19 et une pénurie d’oxygène pour les malades. Toutefois, les statiques officielles, du fait de l’absence de tests Covid-19 et de la volonté des autorités de cacher les véritables chiffres, sont loin de refléter la réalité. En effet, selon les données officielles, le pays a enregistré un cumul de 198.645 cas pour 5.471 décès, depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19.

En tout cas, l’accélération de la vaccination semble plus qu’une nécessité au moment où le monde est menacé par l’apparition des nouveaux variants dont le sud-africain C.1.2 qui sévit déjà dans plusieurs pays et le variant Mu, identifié en Colombie et qui est un hybride entre les variants sud-africain et britannique Alpha.

A noter qu’au niveau mondial, 5,6 milliards de doses ont été administrées et 2,21 milliards de personnes ont été totalement vaccinées, soit 28,3% de la population de la planète. Toutefois, au niveau du continent africain, à peine 2% de la population a été totalement vaccinée. 

Par Moussa Diop
Le 08/09/2021 à 16h20, mis à jour le 08/09/2021 à 16h37