Automobile: le Maroc toujours leader africain sur le segment des voitures particulières devant l’Afrique du Sud

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Le 09/04/2022 à 13h07, mis à jour le 09/04/2022 à 21h24

Selon l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA), en 2021, environ un million de véhicules ont été produits en Afrique. L’Afrique du Sud et le Maroc assurent plus de 90% de cette production et le royaume demeure le premier constructeur de voitures particulières du continent.

En dépit des effets d’annonces et des inaugurations de petites unités de montage dans certains pays africains, la production automobile ne décolle pas en Afrique. Ainsi, selon les données de l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA), au titre de l’exercice 2021, pour une production mondiale de 39 pays constructeurs automobile s’élevant à 80,14 millions de véhicules, largement dominé par les asiatiques (46,73 millions d’unités), la part de l’Afrique est de seulement 931.056 unités, soit une part de marché de 1,16%.

C’est dire que malgré qu’elle représente 17% de la population mondiale, l’Afrique ne figure presque pas dans l’échiquier de la construction automobile mondiale, à l’exception, toutefois, de deux pays: l’Afrique du Sud et le Maroc. En effet, selon les données de l'OICA, ces deux pays produisent la quasi-totalité des véhicules construits en Afrique en 2021, une année marquée, il est vrai par la crise sanitaire qui a plombé certains petits producteurs du continent du fait notamment des freins liés aux restrictions sanitaires.

N'empêche, selon les données de l’OICA, les quatre pays africains recensés par l’organisation -Afrique du Sud, Maroc, Egypte et Algérie - ont produit un total de 931.056 unités.

C’est l’Afrique du Sud qui est le premier producteur de véhicules au niveau du continent avec 499.087 unités montées en 2021, contre 447.213 unités en 2020 et 631.921 unités en 2019. Une baisse qui s’explique essentiellement par les effets de la pandémie du Covid-19 durant les deux dernières années qui a impacté le secteur automobile sud-africain. Le pays étant le plus touché par la pandémie au niveau du continent africain.

Dans le détail, la production sud-africaine se compose de 239.267 unités de voitures particulières et 259.820 véhicules utilitaires et industriels.

L’Afrique du Sud qui a accueilli sa première ligne de montage automobile en 1924 compte de nombreuses implantations de majors du secteur de construction automobile mondial. Le pays compte une douzaine de constructeurs dont BMW, Chrysler, General Motors, Fiat, Ford, Toyota, Volkswagen, Mercedes-Benz, Isuzu, Renault-Nissan, Man, Tata, DAF Trucks, FAW,…

Toutefois, la production locale sud-africaine qui a été impactée par la pandémie durant ces deux dernières années, souffre de plusieurs maux: coupures d’électricité, crise économique, concurrence de petites unités de montage en Afrique (Ghana, Nigeria, Namibie, Rwanda,…), éloignement des grands marchés (Etats-Unis, Europe,..),…

Derrière l’Afrique du Sud suit le Maroc avec 403.007 unités produites en 2021, un volume en hausse de 23% par rapport à l’exercice précédent. En détail, la production marocaine comprend 338.339 véhicules particuliers et 64.668 véhicules utilitaires. Ainsi, le royaume conserve largement sa position de leader africain de construction de véhicules particulières devant l’Afrique du Sud (239 267 unités). Leader sur ce segment depuis 2017, l’écart sur la production de voitures particulières devrait se creuser davantage avec la hausse de la production de l’usine PSA. Elle a pâti de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 qui a affecté le secteur automobile mondial.

Pourtant, contrairement à l’Afrique du Sud, le Maroc ne compte que deux constructeurs automobiles mondiaux implantés. Il s’agit des groupes français, Renault, à Tanger et PSA, à Kenitra. L’usine Renault Tanger à Melloussa est la plus grande usine automobile d’Afrique avec une capacité de 340.000 unités par an. Avec les unités de Renault de Tanger et Casablanca (Somaca) et celle de PSA à Kenitra, le Maroc dispose d’une capacité de production installée de plus de 650.000 unités par an.

L’industrie automobile marocaine jouit de nombreux atouts: l’existence d’un écosystème automobile avec plus de 350 équipementiers, fournisseurs et sous-traitants, la proximité géographique avec le marché européen, l’existence des centres de formation professionnelle, la stabilité politique et économique, l’existence d’infrastructures (port Tanger Med, chemin de fer, autoroutes,…) de qualité, des incitations et avantages fiscaux offerts aux investisseurs,…

Pour les années à venir, les autorités marocaines ambitionnent d’atteindre 1 million d’unités produites sur le sol marocain en attirant de nouveaux constructeurs. Toyota, Hyundai, Ford, Volkswagen et des constructeurs chinois sont ciblés.

Loin derrière l’Afrique du Sud et le Maroc, les autres constructeurs automobiles africains sont encore des nains, même si on note une volonté de nombreux pays du continent à intégrer le secteur.

Ainsi, selon les données de l’Organisation internationale des constructeurs automobiles, l’Egypte occupe le 3e rang des producteurs automobiles du continent avec toutefois une production faible de seulement 23.754 véhicules produits en 2021. Pourtant, de nombreux constructeurs sont implantés dans le pays : BMW, General Motors, JAC, PSA, Deawoo, Ford,…, Et le pays compte une vingtaine d’unité d’assemblage ayant une capacité de production annuelle cumulée de 300.000 unités et quelque 300 fournisseurs de composants et de sous-traitants automobiles. Toutefois, la production automobile ne suit pas.

Le pays n’arrive pas à exploiter son potentiel énorme. Plusieurs projets de construction automobile sont annoncés au cours de ces dernières années. En 2019, la société nippone Nissan et le constructeur automobile El Nasr Automotive Manufacturing avait signé un accord ayant pour objectif de produire 100.000 véhicules par an. En 2021, El Nasr a aussi annoncé la production de véhicules électriques, à grande échelle, à partir d’août 2022, en partenariat avec la société chinoise Dongfeng Motors Corporation. Cette unité est sensée démarrer en août 2022 avec une production de départ de 50.000 unités par an. Ces véhicules devront progressivement remplacer les taxis classiques des grandes villes et réduire la pollution.

Enfin, pour l’Algérie, la production automobile a été de seulement 5.208 unités en 2021. Un volume attestant à lui seul du fiasco de l’industrie automobile du pays en quasi arrêt depuis fin 2019.

Plusieurs unités de montage automobile ont été fermée (Volkswagen Kia,…) faute de possibilités d’importer des kits automobiles. D’autres sont à l’arrêt à cause de l’arrestation de leurs mentors emprisonnés dans la cadre des procès intentés contre les oligarques proches de l’ancien régime de Bouteflika.

Du coup, la production qui avait atteint 180.000 unités en 2018, a baissé à 60.012 unités en 2019, pour tomber à 754 unités en 2020, avant de remonter à 5.208 unités en 2021, sous les effets des politiques des dirigeants qui ont mis fin à la mascarade de montage avec des kits automobiles importés. En effet, certaines unités de montage automobile importaient des voitures totalement montées auxquelles il ne manquait parfois que les roues à monter en Algérie et donc sans aucune valeur ajoutée locale. Seulement, depuis fin 2019, aucune alternative crédible n’a été proposée au secteur du montage automobile. Et toutes les unités sont à l’arrêt, hormis celle de Renault Production Algérie fonctionne actuellement en mode ralentie.

Hormis ces 4 pays, le Nigeria, le Ghana, le Kenya, le Rwanda, la Namibie, la Côte d’Ivoire,…, se sont lancés dans le montage automobile. La production demeure encore globalement insignifiante. La crise sanitaire a beaucoup impacté le secteur. Toutefois, la production nigériane pourrait fortement augmenter à partir de cette année avec l’entrée d'Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, dans le secteur du montage automobile.

Par Moussa Diop
Le 09/04/2022 à 13h07, mis à jour le 09/04/2022 à 21h24