Après le discours prononcé par le souverain marocain lors du 43e anniversaire de la Marche Verte, la presse algérienne n'a pas été insensible à l'appel pour un "dialogue direct et franc". De façon générale, les éditoialistes préfèrent se poser des questions qui montrent leur scepticisme. En revanche, les réactions recueillies auprès des responsables algériens sont nettement plus enthousiastes.
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Par exemple, pour ce site proche de l'appareil militaire algérien, qui ne se gêne jamais pour colporter quantité de ragots, désinformations diverses et autres approximations sur le Maroc, "L'appel de Mohammed VI n'était ni sincère, ni de bonne foi". "L’appel du pied de Mohammed VI vise à discuter les yeux dans les yeux des questions qui fâchent: la drogue, la contrebande, la question du Sahara Occidental, les faits historiques non clarifiés, les conventions non respectées", dit d'emblée Kamal M. dans son éditorial.
Ce dernier accuse carrément le souverain marocain de "laisser entendre insidieusement que les conventions dont il est question n’ont pas été respectées par la partie d’en face, c’est-à-dire l’Algérie, et que l’épineux problème du trafic de drogue doit être étudié avec le voisin, alors que c’est ce dernier qui pâtit de ce que le Maroc est le producteur et exportateur par excellence de cannabis dans la région, voire dans le monde". Selon ce site, l'expression "faits historiques non clarifiés" employée par le roi "fait allusion sans doute à la vision expansionniste de Rabat qui convoite des territoires de l’extrême-ouest de l’Algérie".
Ouverture purement tactique
En conséquence, il affirme que "Cette ouverture est purement tactique. Le Maroc veut, en effet, "bilatéraliser" la question du Sahara Occidental et cette diversion a pour objectif de mieux faire passer ses exigences en matière de format de négociations en décembre prochain à Genève, en y incluant l’Algérie comme partie prenante".
Pourtant, dans un autre article recueillant des réactions, des officiels algériens tiennent une autre analyse diamétralement opposée de celle-ci.
Dans un article intitulé "L’Algérie va répondre «très bientôt» à l’initiative de Mohammed VI", le même site proche des généraux algériens donne la parole à plusieurs diplomates ou anciens ministres qui confirment la bonne approche de Mohammed VI. Le premier d'entre eux est "l’ex-ministre chargé de l’Emigration, Halim Benatallah" qui "considère la déclaration de Mohammed VI comme «un tournant positif», du fait que ce dernier ne considère plus l’Algérie comme un «pays ennemi» mais comme un «partenaire qui a les clés de la région du Maghreb»".
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Cet ancien membre du gouvernement est conscient de l'opportunité que le discours du roi marocain présente pour l'Algérie. Selon lui, rapporte Algérie patriotique, "les autorités politiques algériennes doivent «saisir cette occasion» parce qu’il s’agit d’un tournant «stratégique», qui profiterait à l’Algérie".
Bentallah estime également qu'un autre point positif est le fait que le chef de l'Etat marocain se dit disposé à "ouvrir le dialogue avec l’Algérie sur toutes les questions en suspens, dont celles des frontières, de la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue. "Il est important que l'Algérie accepte un dialogue direct avec le Maroc car cela éviterait aux deux pays voisins l’interférence d’autres parties qui, à chaque fois, freinaient la normalisation des relations entre les deux pays", conclut-il.
Dialogue inéluctable
Toujours dans le même support, l'ex-ministre de la Communication Mahieddine Amimour, non seulement estime "inéluctable" la relance du dialogue entre le Maroc et l'Algérie, mais aussi, et surtout, il l'appelle de tous ses voeux. Et afin d'en dessiner les contours, il suggère "une rencontre à huis clos" entre les représentants diplomatiques des deux pays, pour examiner les principales questions de discorde et éviter les discours de courtoisie et les rencontres protocolaires qui ne font pas avancer la cause.
Du côté du quotidien Liberté Algérie, on parle "d'offre inédite de normalisation du Maroc avec l'Algérie" en étant très critique. "Le timing choisi par le roi du Maroc, Mohammed VI, pour faire “son offre” de normalisation avec l’Algérie semble plutôt incongru, dans la mesure où son discours intervient à l’occasion de l’anniversaire de la marche verte", écrit Djilali B. "Que s'est-il donc passé depuis que le souverain a torpillé et enterré l'UMA?", se demande-t-il. Pour l'auteur de l'article, c'est le rapprochement entre Nouakchott et Alger qui serait à l'origine de la proposition de Mohammed VI.
Pourtant, dans ce journal aussi, le ton change radicalement avec un autre article, traité en trois étapes, et intitulé "Le changement de ton dans le discours du roi du Maroc". Dans un premier temps, parmi mille et une déclarations parues ça et là, on a choisi les précisions d'un haut responsable marocain qui explique que la proposition marocaine à l'Algérie "n’a rien de tactique: c’est une vraie main tendue qui n’émane pas d’une faiblesse mais d’une prise de conscience de la réalité”. Le même haut responsable, précise le journal algérien, a pris le soin de rappeler que "d’autres pays ont pu surmonter les difficultés en tablant sur le dialogue et en pariant sur un avenir commun".
Sempiternelle question de la drogue
Ce n'est que dans un second temps que l'auteur de l'article livre son avis. "Voilà une position de Rabat qui constitue un véritable changement dans le ton vis-à-vis de l’Algérie. Elle constitue même un ralliement aux propositions de l’Algérie pour normaliser les rapports entre les deux pays", écrit-il.
Liberté ne s'arrête pas là, puisqu'en troisième lieu, le média fait un rappel historique et explique qu'en 2008, le ministre marocain des Affaires étrangères avait proposé de réouvrir la frontière terrestre. Mais la réaction algérienne venant du ministre de l'Intérieur de l'époque était mitigée. En effet, Taïeb Fassi-Fihri avait dit que "le royaume du Maroc réitèrait sa volonté d’ouvrir une page nouvelle dans les relations entre les deux pays voisins tenant compte de leur passé commun et de leur destin partagé”, en insistant sur le fait que "le contexte régional et international de la fermeture par l’Algérie de cette frontière est aujourd’hui largement dépassé”, rappelle le journal.
Mais Noureddine Yazid Zerhouni avait conditionné l'ouverture des frontières à une "série de mesures qui s’inscrivent dans le cadre du règlement global des contentieux existant entre les deux pays". Il avait alors fait allusion aux divers trafics transfrontaliers que seul le "dialogue franc et direct" auquel appelle le roi aujourd'hui peut apporter des solutions.
Prétexte Sahraoui
Dans Algérie1, le titre adopté par Amel Benabi est sans équivoque bien qu'il se décline sous forme de question. "Offre de réconciliation: faut-il faire confiance à notre «ami» le roi?", se demande-t-il d'entrée de jeu. Ainsi, après moult suspiscions, il en vient à ce qu'il considère être le vrai objet de l'offre royale de dialogue: Le Sahara marocain. "Faut-il comprendre que même le statut du Sahara sera mis sur la table ?", se demande Algérie1.
Ce à quoi le site répond: "Sans doute que le roi y fait allusion. Mais le diable se cache dans les détails. Mohammed VI souligne bien que son mécanisme va examiner toutes les «questions bilatérales», et qu’à ce titre, il faudrait comprendre que le dossier du Sahara en est un à ses yeux, conformément à sa ligne de conduite qui consiste à soutenir que l’Algérie est partie prenante du conflit et non pas un pays voisin. C’est à ce niveau que cette offre de paix comporte du plomb dans l’aile".
Pourtant, encore une fois pour ce dernier support, un deuxième article adopte une ligne différente, beaucoup plus conciliante sous le titre évocateur: "Proposition du roi Mohammed VI: l'ONU applaudit, Rabat jubile et Alger attend". L'infomation est traitée en constatant d'emblée que le discours du souverain marocain a fait mouche à l'international. "L’appel lancé par le souverain marocain Mohammed VI à l’Etat algérien de créer un «mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation» pour régler les différents bilatéraux, semble se vendre à l’international", écrit le journal. Dans un article publié que son site aujourd'hui 8 novembre, il cite Stephan Dujarric, le porte-parole des Nations Unies, qui, lors de son traditionnel briefing quotidien, dit que "le secrétaire général a toujours soutenu l’intensification du dialogue entre l’Algérie et le Maroc".
D'après le journal, si la presse et les officiels marocains ont largement commenté le discours du roi, à Alger, pour le moment, le ministère des Affaires étrangères risque de privilégier la voix officieuse en distillant sa réponse à la proposition marocaine via les journaux qui lui sont affiliés.
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Pour Algérie Focus, un autre site Internet, le ton est empreint de parti-pris, de doute avec un soupçon de subjectivité. D'emblée, le confrère affirme qu'il s'agit d'un "simple changement de style, un discours biaisé". Il se garde bien d'étayer ses propos et refuse de rappeler qu'à plusieurs reprises le Maroc a appelé à l'ouverture des frontières entre les deux pays et s'est vu opposer un "non" catégorique de la part de l'Algérie. Tout au long de l'article, l'auteur cite le discours du souverain marocain, sans plus. C'est dans sa chute que l'on comprend les raisons de ce sceptiscime exacerbé. Car selon lui, le roi du Maroc a parlé à au moins cinq reprises d'intégrité territoriale, de "marocainité du Sahara" ou encore de "provinces du Sud". Un argumentaire bien mince de la part d'Algérie Focus.
Dans El Watan on affirme, dès l'entame d'un article interrogateur sur les raison de la démarche du monarque, que "le roi du Maroc tend la main à l'Algérie". Après avoir cité de longs passages du discours royal du 6 novembre, le quotidien algérien se demande pourquoi il intervient à un "mois de l'ouverture des négociations" auxquelles "l'Algérie qui a toujours refusé d'être mêlée au conflit avec le Polisario, participera sur invitation des Nations Unies". El Watan prend le soin d'affirmer que cette participation se fait comme pays voisin au même titre que la Mauritanie. Evidemment, cette affirmation est on ne peut plus imprécise, puisque l'Algérie qui arme le Polisario, forme ses soldats, leur offre le gîte et le couvert, n'est pas seulement un pays voisin, c'est elle la véritable partie, pour ne pas dire l'unique, que l'ONU souhaite voir à la table des négociations...