En matière de compétitivité au niveau mondial, l’Afrique est à la traine. Dans le top 100, on recense seulement une dizaine de pays africains et 2 seulement figurent dans le top 50.
C’est dire que l’Afrique accuse encore d’énormes retards en termes de compétitivité, selon le classement du Forum économique mondial. Si des progrès sont réalisés par de nombreux pays dans le domaine des infrastructures et des institutions, les pays africains accusent des faiblesses notables dans un certain nombre de domaines dont : Santé et éducation, innovation, efficience du marché de travail, l’accès à l’électricité, etc.
Pour rappel, le rapport se base sur une batterie de plus de 100 critères considérés comme étant des facteurs clés de la croissance à long terme : environnement macroéconomique, santé, éducation primaire, enseignement supérieur et formation, développement du marché financier, efficience du marché de travail, infrastructures, innovation, efficience du marché des biens et services, qualité des institutions, etc. Le rapport est le résultat d’une enquête auprès de 140.000 chefs d’entreprises de 138 pays.
Globalement, l’Afrique accuse des handicaps majeurs au niveau de certains critères dont la santé, l’éducation, l’enseignement supérieur et la formation, l’accès à l’électricité, l’innovation, la qualité des institutions, l’environnement macroéconomique, etc.
Toutefois, pour certains critères, des pays africains arrivent à se hisser au top 10 mondial. Ainsi, le Rwanda, 52e rang mondial en termes de compétitivité, se classe 7e mondial en termes d’efficience du marché de travail avec un score de 5,4 et 13e pour ce qui est de la qualité de ses institutions devant de nombreux pays européens avec un score de 5,6 sur un maximum de 7. Pour sa part, le Botswana, 64e pays le plus compétitif au niveau mondial se classe au 10e rang en ce qui concerne la qualité de son environnement macroéconomique avec un score de 6,2.
Pour l’édition 2016-2017, le top 5 des pays africains les plus compétitifs selon le classement du Forum économique mondial est le suivant :
1- Maurice: institutions, marché financer et infrastructures de qualité
L’Ile Maurice s’est classée au premier rang des pays les plus compétitifs du continent avec un score de 4,5 points, se classant au 45e rang mondial, gagnant une place par rapport au classement 2015-2016. Le pays doit son rang à l’efficience de son marché des biens et services (26e au niveau mondial), de qualité de ses institutions (36e), de ses infrastructures (41e), du développement de son marché financier (44e), de la sophistication des affaires (37e), de son système de santé et d’éducation primaire (48e), etc. Concernant le critère relatif à la qualité de la «Santé et du système éducatif», un problème dans presque tous les pays du continent, Maurice s’en sort avec un excellent score de 6,1 sur 7.
Pour maintenir sa position de leader africain et surtout améliorer son rang au niveau mondial, Maurice, handicapé par la taille de son marché (118e mondial), doit améliorer son environnement économique (59e), l’efficience de son marché de travail (57e) et surtout mettre l’accent sur l’innovation technologique (67e).
2- L’Afrique du Sud: des hauts et des bas
La première puissance économique du continent, l’Afrique du Sud, se positionne au second rang des africains les plus compétitifs et au 47e au niveau mondial avec un gain de deux places et un score de 4,5 points. Le pays doit son classement à ses performances au niveau du développement de son marché financier (11e mondial) avec un score de 5,2 points sur 7, de l’efficience de son marchés des biens et services (28e), la sophistication des affaires (30e), de la taille de son marché (30e), de l’innovation (35e), de ses institutions (40e), etc.
Toutefois, l’Afrique du Sud traine des handicaps majeurs avec une situation sécuritaire qui laisse à désirer, la qualité des infrastructures (64e), l’enseignement supérieur et la formation (77e), l’environnement macroéconomique (97e), la rigidité du marché de travail (97e), le poids de la réglementation gouvernement (117e), la qualité de la Santé et de l’éducation primaire (123e), etc. Autant de facteurs qui plombent la compétitivité de la première économie africaine.
3- Rwanda : une bonne qualité des institutions
C’est l’une des économies africaines qui a le plus progressé dans le classement mondial de la compétitivité du WEF 2016-2017 en gagnant 6 places pour se hisser au 52e rang mondial et au 3e rang africain en matière de compétitivité avec un score de 4,4 points. Le pays doit son score à l’efficience de son marché du travail (7e au niveau mondial), et à la qualité de ses institutions (13e), du développement de son marché financier (32e), l’efficience de marché de biens et services (35e), etc. Même en matière d’innovation, le pays a réalisé de bonnes performances pour se hisser au 47e rang mondial avec un score de 3,6 points.
Toutefois, le pays reste handicapé par la taille de son marché (127e), la qualité de son système d’enseignement supérieur et de formation (114e) et de la qualité de ses infrastructures (97e).
4- Botswana : un environnement macroéconomique très favorable
Le Botswana est l’un des rares pays africains à échappé à la malédiction des matières premières grâce à une gestion avisée de son diamant. Dans le classement 2016-2017, le pays a gagné 7 places pour occuper le 64e rang mondial. Mieux, le pays occupe une place exceptionnelle de 10e rang au niveau mondial en ce qui concerne la qualité de l’environnement macroéconomique avec un score de 6,2 points sur 7. En plus, la qualité des institutions du pays est louée avec un score de 5,5 points classant le pays au 37e rang mondial. Cette qualité des institutions est derrière la bonne gestion des ressources du diamant du pays au profit du peuple et non des clans, comme c’est le cas dans de nombreux pays du continent. De même, le marché du travail est jugé efficient avec un score de 4,5 points et un 36e rang mondial.
Cependant, le pays qui fait face à la taille de son marché (105e) avec une population de seulement 2 millions d’habitants, doit aussi et surtout améliorer la qualité de son enseignement supérieur et formation (88e), la santé et l’éducation fondamentale (113e), ses infrastructures (90e) et sophistiquer les affaires (100e).
5- Maroc : le plus compétitif de l'Afrique du nord
Le Maroc améliore son score de 2 places en occupant le 70e rang mondial avec un score de 4,2 points, soit le niveau atteint par le pays en 2012-2013. Toutefois, force est de constater qu’en termes de compétitivité, le royaume fait du surplace avec presque le même score. En détail, le Maroc réalise sa meilleure performance au niveau du critère «Conditions de base» avec un score de 4,8 points le classant au 51e rang mondial grâce notamment à l’environnement macroéconomique (49e), aux institutions (50e) et aux infrastructures (58e) grâce notamment aux investissements réalisés au cours de ces dernières années dans les ports avec Tanger Med, les autoroutes, les aéroports, etc. Autant de critères positifs qui concourent à l’attrait du pays auprès des investisseurs étrangers.
Néanmoins, le pays fait pâle figure au niveau de l’indicateur Santé et éducation en se positionnant au 77e rang mondial. Le Maroc occupe le 86e rang mondial pour ce qui est du sous-indicateur Innovation et sophistication des affaires, avec un score de 3,46 le positionnant au 86e rang mondial. Pour ce qui est des facteurs qui améliorent l’efficacité des marchés, le Maroc accuse des retards au niveau de l’efficience du marché de travail (124e), de l’enseignement supérieur et de la formation (104e), du développement du marché financier (83e), etc.
Le Maroc domine le classement nord-africain en se positionnant loin devant l’Algérie (87e), la Tunisie (92e), l’Egypte (116e) et la Mauritanie (138e).
Enfin, il faut signaler que le trio des pays les plus compétitifs 2015/2016 est composé de la Suisse, Singapour et Etats-Unis. Parmi les pays émergents, c’est la Chine qui occupe le premier rang et le 28e au niveau mondial.