Symphos 2017: l'Afrique invitée à s'inspirer de Singapour

DR

Le 08/05/2017 à 16h39

Singapour, avec ses 5 millions d'habitants et sans la moindre ressource naturelle, réussit à dégager un PIB égal à celui de l'Afrique du Sud. Pendant ce temps, le continent, riche de ses matières premières, vit dans la pauvreté à cause d'un déficit d'investissement dans le capital humain.

"Il y a tout juste 50 ans, Singapour, une presqu'île à peine aussi grande qu'une région comme Marrakech, n'était qu'un simple village de pêcheurs. Mais, aujourd'hui, cette cité-Etat est l'une des plus riches de la planète", affirme le Pr Seeram Ramakrishma, de la National University of Singapore (NUS). Et le plus significatif, c'est que Singapour, qui ne compte que 5,6 millions d'habitants, ne possède aucune ressource naturelle. 

Ce spécialiste des nanotechnologies, qui a contribué à l'élaboration de toutes les politiques d'innovation et de recherche des 15 dernières années, s'exprimait à Benguerir, lors du 4e Symposium international sur l'innovation et les technologies dans l'industrie des phosphates (Symphos), organisé par OCP Group du 8 au 10 mai. 

VOIR AUSSI: Vidéo. Symphos 2017: l'innovation pour une meilleure productivité agricole

Les chiffres parlent d'eux-mêmes dans ce petit Etat asiatique. Son PIB est de 300 milliards de dollars contre 103 milliards pour le Maroc et pratiquement le même montant pour l'Afrique du Sud. Par tête d'habitant, le revenu atteint quelque 51.200 dollars par an. Evidemment, cela se ressent dans son indice de développement humain qui atteint près de 0,925 en 2016, très proche de 1, qui est le niveau maximal. Le pays se classe à la cinquième place mondiale, juste dernière la Norvège, l'Australie, la Suisse et l'Allemagne, et très loin devant les Etats-Unis ou la France. Aujourd'hui, Singapour compte 2000 entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires supérieur à quelque 100 millions de dollars. 

Pour en arriver à ce niveau de développement humain, le pays n'a misé que sur l'éduction, la formation et par ricochet sur la recherche et développement. Là également, les chiffres en disent davantage que les discours. L'Université de Singapore figure parmi les cinq meilleures dans le monde, d'après plusieurs classements. De plus, 80% des 23.000 étudiants singapouriens ont déjà eu un séjour à l'étranger. 

Voilà un ensemble de facteurs qui ont donné au pays un statut de "bateau remorqueur", qui malgré sa petite taille est capable de tirer les plus gros paquebots. L'image utilisée par Seeram Ramakrishma est assez éloquente pour dire que le pays est capable de concurrencer les plus grandes nations dans le monde. 

C'est donc ce petit pays qui pourrait servir d'exemple à l'Afrique, invitée à investir pour le développement de son capital humain afin d'assurer la Smart manufacturing, qui pourrait se traduire par la production industrielle intelligente. Dans ce concept se retrouvent notamment, la robotisation, l'automatisation ou encore l'informatisation. 

Dans bien des domaines, il est possible aujourd'hui de faire partie des nations qui vont changer le monde, à condition de se dire que le continent en est capable. Cela va de la conduite assistée, aux nouvelles fibres ultra-légères pour le transport de l'életricité, en passant par le textile intelligent connectable ,voire l'utilisattion du corps humain pour des commandes électroniques. Cependant, il faut que l'Afrique consente à investir davantage dans l'innovation, la recherche et le développement. Il faudrait juste entre 2 et 3% du PIB pour ce faire. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/05/2017 à 16h39