Après l’Afrique de l’ouest et centrale, deux régions avec lesquelles il a toujours eu des relations privilégiées, le Maroc qui signe son retour sur le continent avec sa réintégration au sein de l'Union africaine (UA) entend élargir ses relations avec d’autres régions du continent, même au niveau des pays qui étaient cartographiés, à tort ou à raison, proches des thèses soutenues par Alger.
C’est dans cette optique que s’est inscrit le périple royal qui a amené le roi du Maroc au Rwanda et en Tanzanie. Des pays qui ne pouvaient être ignorés pour plusieurs raisons. D’abord, l’Afrique de l’Est est importante sur le plan politique. L’Ethiopie, la puissance en devenir de la région, abrite le siège de l’Union Africaine. Et le soutien des pays de la région y compte beaucoup. Les pays visités ont tous apporté leur soutien au retour du Maroc au sein de l’UA.
Ensuite, sur le plan économique, l’Afrique de l’Est est la région africaine la plus dynamique avec une croissance moyenne qui tourne autour de 7% au cours de ces dernières années avec un potentiel de croissance énorme encore non exploité.
A ce titre, et à l’image des pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale avec lesquels le Maroc a noué des relations économiques gagnant-gagnant, l’Afrique de l’Est peut constituer un autre pilier de relais de croissance pour les entreprises marocaines.
La preuve que les pays de la région attendaient beaucoup de cette visite royale est reflétée par le nombre d’accords et conventions signés avec le Rwanda et la Tanzanie. En tout, 41 accords et conventions, touchant des domaines variés : agriculture, pêche, maritimes, engrais, énergies renouvelables, tourisme, banque et finances, logistique, formation, etc. Autant de domaines dans lesquels le Maroc jouit aujourd’hui des expertises avérées dont il fait bénéficier de nombreux pays d’Afrique subsaharienne et qui seront désormais mises à profit par les pays de l’Afrique de l’Est qui regorgent d’énormes potentialités sous-exploitées.
Au-delà des accords, ce périple a permis la concrétisation d’un certain nombre de deals. Au Rwanda, le groupe Attijariwafa bank a acquis la 3e banque rwandais en prenant le contrôle de 76% du capital de Cogebanque. Le groupe Banque centrale populaire (BCP) va y implanter une filiale de microfinance. Pour sa part, le groupe pharmaceutique marocain, Cooper Pharma, s’est engagé à réaliser une unité de production d’antibiotiques à Kigali. Dans le même ordre, le groupe Palmeraie développement va réaliser 5.000 logements dans le pays des «mille collines». En outre, la BCP a mis en place un fonds d’investissement dédié à la région, visant notamment à soutenir les PME locales et à faciliter l’implantation des entreprises étrangères, notamment marocaines, au niveau de la région.
L’avantage pour les entreprises marocaines qui s’implantent dans ces pays est qu’elles profitent pleinement des marchés régionaux : la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et le COMESA (Marché commun des Etats d’Afrique australe et de l’est), soit 625 millions d’habitants et un PIB de 900 milliards d’euros.
En Tanzanie, un marché de 50 millions de consommateurs, les opportunités sont nombreuses et les 22 accords et conventions signés balisent le terrain aux opérateurs économiques marocains. Ce pays, riche en ressources naturelles, offre des opportunités d’investissements du fait des déficits d’infrastructures et sociaux importants.
A titre d’illustration, le pays, qui dispose aussi de ressources halieutiques importantes souhaite s’appuyer sur l’expertise marocaine. C’est dans ce cadre que s’inscrit le mémorandum d’entente dans le domaine des pêches maritimes, entre le Maroc et Tanzanie. «Les parties marocaine et tanzanienne se sont mises d’accord pour enclencher les discussions visant à aboutir à un accord de pêche Maroc-Tanzanie qui permettra de valoriser et de confectionner les produits halieutiques sur place en Tanzanie», a expliqué Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime.
Une chose est sûre: le premier périple royal en Afrique de l’Est a été un franc succès. Et sachant que le roi du Maroc suit de près l’exécution des accords et conventions signés avec les pays africains lors de ses déplacements sur le continent, il faudra désormais compter sur les périples fréquents vers cette région, à l’instar des fréquentes visites en Afriques de l’ouest et centrale qui ont permis de consolider des partenariats gagnant-gagnant avec ces pays.