Certes, il est impossible d'avoir tous les chefs d'Etat à Addis Abeba, mais ce rendez-vous de juillet 2017 est marqué par l'absence de plusieurs chefs d'Etat, notamment ceux des pays leaders, à commencer par Mohammed VI.
Le souverain marocain qui avait été la personnalité la plus attendue en janvier dernier en raison de la réintégration du Maroc au sein de l'Union africaine s'est fait représentéer par le prince Moulay Rachid. C'est donc le frère du roi marocain qui doit présenter le très attendu rapport sur la migration, puisque le thème choisi le place au centre de ce sommet: "Tirer pleinement parti du potentiel démographique en investissant dans la jeunesse".
Les grands absents d'Afrique du Nord
Il faut dire qu'en Afrique du Nord, il n'y a que des absents pour ce mois de juillet, à l'exception de Fayez Al-Serraj, chef du gouvernement libyen issu du processus de Skhirat et reconnu par les Nations unies. El Serraj est à Addis Abeba depuis hier pour assister à la rencontre du Comité de haut niveau sur la Libye mis en en place par l'Union africaine et présidé par Denis Sassou Ngesso.
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En revanche, l'Algérien Abdelaziz Bouteflika se fait représenter par son Premier ministre Abdelmajid Tebboune. De même, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, actuellement en visite en Hongrie, a lui aussi chargé Cherif Ismail, son Premier ministre, d'assister à sa place aux travaux de l'organe panafricain suprême.
Quant à la Tunisie, ni le président Béji Caïd Essebsi, ni le Premier ministre Youssef Chahed ne sont présents à Addis Abéba. A leur place, c'est Khemaies Jhinaoui, le chef de la diplomatie, qui est à la tête de la délégation qui assistait à la rencontre de l'Union africaine.
Zuma et Dos Santos aussi
Le Sud-africain Jacob Zuma non plus n'est pas présent dans la capitale éthiopienne, en raison de l'ouverture vendredi d'une sorte d'université d'été de son parti, l'African national congress (ANC) devant durer une semaine. Le principal enjeu étant le choix prochainement de son remplaçant à la tête de l'ANC. Or Zuma aimerait bien que son ex-femme, Nkosazana Dlamini-Zuma, lui succède afin d'éviter des déboires avec la justice de son pays après les élections de 2019.
L'Angolais José Eduardo Dos Santos a dépêché son dauphin et ministre de la Défense, le général José Lourenço. C'est une absence de taille puisque l'Angola fait partie des cinq plus gros contributeurs budgétaires de l'Union africaine, à côté du Nigeria, de l'Egypte, de l'Afrique du Sud et de l'Algérie.
Kabila cherche du soutien
En Afrique de l'Ouest, on notera que le président nigérian Muhammadu Buhari est alité à Londres, alors que le Sénégalais Macky Sall, dont le pays s'achemine vers les échéances électorales des législatives du 30 juillet 2017, n'a pas fait le voyage vers l'Ethiopie. A part ces deux absences, c'est la zone du continent qui a fourni le plus grand contingent de chefs d'Etat. Alpha Condé, président de la Guinée, ne pouvait pas rater le rendez-vous, lui qui est président en exercice de l'Union africaine. Quatre chefs d'Etat du G5 Sahel qui étaient à Bamako ce dimanche ont pris un vol direct pour Addis Abeba, en l'occurrence Mahamed Issoufou du Niger, Ibrahima Boubacar Keïta du Mali, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso et Idriss Déby Itno du Tchad.
En Afrique centrale, Joseph Kabila, qui a souvent raté les rencontres de ses pairs africains, a tenu à être à ce sommet parce qu'il aurait surtout "besoin de soutien", selon le magazine Jeune Afrique qui cite des proches du président congolais. Il faut rappeler que le contexte politique en République démocratique du Congo l'expose à l'intervention de la communauté internationale. Déjà, une vingtaine de membres de son gouvernement ou de personnes influentes de son régime sont sous le coup de sanctions de l'Union européenne et des Etats-Unis.
Kenyatta en campagne électorale
Joseph Kabila aura peut-être l'occasion d'y croiser ses voisins Ali Bongo du Gabon et Paul Kagamé du Rwanda. La présence de ce dernier est rendue obligatoire par le sujet de la réforme adoptée en juillet 2016 et qu'il faut absolument mettre en oeuvre.
La mise en place de la taxe de 0,2% sur les importations devant financer l'Union africaine n'est pas gagnée d'avance. Certains pays soutiennent que ce prélèvement est contraire aux règles de l'Organisation mondiale du commerce, alors que la Côte d'Ivoire et la Guinée ont d'ores et déjà commencé son application.
Parmi les grands absents, il y a également Omar El Bechir du Soudan, Uhuru Kenyatta du Kenya. Omar El Béchir a juste décidé de passer son tour, alors le Kenyan est dans une intense campagne électorale pour un nouveau mandat.
Pourtant, malgré ces nombreuses absences parmi les chefs d'Etat, ce sont des sujets extrêmement importants qui seront débattus, dont la décision d'octroyer une indépendance financière à l'Union africaine, mais aussi les solutions visant à tirer profit du potentiel de la jeunesse du continent.