Maroc-CEDEAO: même après la ZLECA, l'adhésion à la CEDEAO reste d'actualité

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Le 26/03/2018 à 18h10, mis à jour le 26/03/2018 à 18h16

S'il ne s'agissait que de libre-échange, le projet marocain de rejoindre la CEDEAO serait devenu sans objet avec la ZLECA dont l'accord a été signé à Kigali. Mais, le royaume chérifien veut s'inscrire dans une union politique, économique et monétaire pour l'intérêt mutuel de ses membres.

Kigali a été, la semaine dernière, le théâtre d'une étape cruciale de la construction du marché unique africain, avec la signature, par 44 pays membres de l'Union africaine, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). L'Histoire a voulu que le premier pas de la concrétisation de ce marché panafricain arrive à un moment où le Maroc veut intégrer la CEDEAO comme pays membre.

Dès lors, la question se pose de savoir s'il est nécessaire pour le Royaume chérifien d'intégrer la Communauté économique régionale des quinze pays ouest-africains. En effet, l'accord mettant en place la ZLECA, une fois ratifié, établit une vaste zone de libre-échange, à l'intérieure de laquelle on retrouve d'emblée quatorze des quinze pays ouest-africains. Seul le Nigeria a été en retrait dans la ZLECA en ne signant pas le texte fondateur. Son président, Muhammadu Buhari, avait annoncé, deux jours auparavant, qu'il n'irait pas Kigali. Il avait subi la pression des syndicats. A moins de onze mois de l'élection présidentielle de février 2019, c'est un risque qu'il ne veut pas prendre, celui de mécontenter le puissant Nigerian Labour Congress qui compte 4 millions de membres actifs. 

Mais quoi qu'il en soit, les 44 pays africains ont décidé de surmonter les considérations protectionnistes pour profiter ensemble des opportunités, tout en faisant face de concert aux risques qu'une telle ouverture suggère. 

Depuis Dakar, où il organise cette semaine un débat sur l'adhésion du Maroc à la CEDEAO, Brahim Fassi Fihri, président d'Amadeus, a tenu à préciser sa pensée concernant les conséquences de la ZLECA sur la relation entre le Maroc et ses partenaires. Selon lui, "il est important de ne pas confondre une zone de libre-échange et une communauté économique régionale".

En effet, explique-t-il, "la ZLECA est un marché unique alors que la CEDEAO est une union politique, économique, douanière et monétaire sur le point de parachever son intégration totale". Néanmoins, ajoute-t-il, "l'accord mis en place à Kigali dote les partisans de l'adhésion du Maroc à la CEDEAO d'arguments solides face à certains opérateurs économiques ouest-africains inquiets des "risques" commerciaux". Car, désormais, la question ne se pose plus en termes d'accès des pays de la CEDEAO au marché marocain ou l'inverse. "Avec ou sans adhésion à la CEDEAO, grâce à la ZLECA, le Maroc et quatorze pays de la CEDEAO seront en libre-échange", souligne le président du think tank Amadeus, en principe à partir de janvier 2019, date butoir fixée par l'Union africaine pour procéder à la ratification. 

Néanmoins, "l'objectif du Maroc n'a jamais été que commercial. Il est stratégique. Nous voulons rejoindre pleinement et entièrement la CEDEAO, la communauté régionale la mieux intégrée du continent, parce que le royaume a de nombreux fondements ouest-africains", conclut-il. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 26/03/2018 à 18h10, mis à jour le 26/03/2018 à 18h16