Maroc: le HCP appelle les banques à ouvrir aux migrants l'accès au crédit

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Le 03/11/2019 à 08h23, mis à jour le 04/11/2019 à 08h19

A l’initiative du HCP, le cinquième rapport national sur la population et le développement propose une série de mesures visant l’amélioration de l’accès des migrants et des réfugiés aux services publics.

Le rapport élaboré par les cadres du HCP s’inscrit dans le cadre des travaux réguliers d’évaluation du Plan d’Action de la conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) tenue au Caire en 1994. Le document consacre tout un chapitre à la question de l’immigration et de l’asile.

En chiffres, le nombre d’étrangers résidant au Maroc a atteint 84.001 habitants sur une population de 33,8 millions d’habitants recensée en 2014. En comparaison avec le recensement de 2004, l’effectif de la population étrangère au Maroc a enregistré un accroissement absolu de 32.566 étrangers.

Selon la nationalité, les ressortissants français sont majoritaires et représentent environ 25,4% (21.344). Les sénégalais viennent en deuxième position (6.066), suivis des algériens (5.710) puis des syriens (5.225), des espagnols (3.990), des guinéens (2.424), des ivoiriens (2.271), des libyens (2.013) et enfin des italiens (1.970).

Pas moins de 47,8% des ménages étrangers abritent des logements de type appartement et 25,1% occupent des maisons marocaines modernes. Les villas viennent en troisième position (20,3%). De plus, près de la moitié (49,1%) des ménages étrangers sont locataires et 37,7% occupent leur propre logement. Néanmoins, constate le HCP, une catégorie des migrants en situation administrative irrégulière vit souvent dans des groupements et campements dans les forêts ou dans les périphéries des villes.

Par ailleurs, ajoute la même source, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville a ouvert l’accès aux logements sociaux pour les migrants, en amendant l’article 247 de la loi de finances 2015, permettant ainsi aux migrants de bénéficier des offres de logement social. Les principales contraintes rencontrées dans le cadre de ce programme sont les suivantes:

- Absence d’accès aux crédits de logement pour les migrants et les réfugiés;

- Nombre limité des établissements offrant un logement temporaire pour les migrants;

- Absence de structures d’accueil d’urgence pour les mineurs non- accompagnés et les victimes de la traite.

Ci-après, les principales mesures proposées par le HCP afin d’améliorer l’accès des migrants et des réfugiés aux services publics:

- Généralisation de la scolarisation des enfants migrants en procédant à l’amendement de la circulaire 13-487 afin de cibler toutes les nationalités, tous les enfants en situation régulière et irrégulière, immigrés et réfugiés, tous les cycles d’enseignement et l’éducation non-formelle, y compris l’enseignement des langues et de la culture marocaines et les programmes de soutien scolaire.

- Intégration des immigrés et refugiés dans le programme d’aide à la scolarisation et de lutte contre la déperdition scolaire «Tayssir».

- Elargir le nombre de bénéficiaires de colonies de vacances;

- Opérationnalisation du programme d’assistance médicale des migrants;

- Prise en compte de la population migrante dans l’approvisionnement en médicaments et vaccins des structures de santé et des pharmacies situées dans des quartiers à forte concentration de la population migrante, ainsi que dans les effectifs du personnel médical.

- Ouvrir l’accès au crédit-logement aux migrants à travers des conventions avec les banques marocaines;

- Augmenter la disponibilité des hébergements temporaires et des hébergements d’urgence protégés et adaptés (particulièrement pour les victimes de la traite et les mineurs non accompagnés).

- Développer les capacités d’accueil des établissements de protection sociale des personnes vulnérables;

- Impliquer les régions et collectivités dans la protection sociale des migrants;

- Renforcer la communication et la sensibilisation et adapter les dispositifs et les modules de formation de l’OFPPT et de l’Entraide nationale aux besoins et aux contraintes des migrants et des réfugiés;

- Mettre en place des mesures incitatives à destination des migrants et des réfugiés afin de faciliter le suivi d’une formation professionnelle (en coopération avec le HCR, la société civile et la CTB – crèches, frais de transports, allocations, etc.).

- Renforcer l’accès des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile aux services de justice en préparant des brochures expliquant les exigences juridiques pertinentes pour cette catégorie et en encadrant les associations de la société civile travaillant avec eux ou celles composées de migrants;

- Promouvoir les services socio-juridiques fournis par les assistants sociaux dotés de cellules pour veiller sur les femmes et les enfants victimes de violences à l’encontre de migrants.

Par Ayoub Khattabi
Le 03/11/2019 à 08h23, mis à jour le 04/11/2019 à 08h19