Ces leaders africains issus de la formation militaire marocaine

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Le 17/07/2017 à 10h40, mis à jour le 17/07/2017 à 12h00

Nombre de grands leaders africains ont fait leur formation militaire au Maroc. L'Académie royale militaire de Meknès, notamment, est une mini-usine à chefs d'Etat, même si d'autres comme Thomas Sankara ont emprunté une autre voie marocaine. La liste est longue...

Depuis qu'il a quitté le pouvoir, Blaise Compaoré ne s'est rendu que dans deux pays. Le premier est la Côte d'Ivoire dont il est devenu citoyen et le second est le Maroc. Or, il y a sans doute une raison à cela, puisque lui et un autre grand leader du Burkina Faso ont changé le destin de leur pays pour avoir suivi une formation militaire dans le royaume.

Thomas Sankara et Blaise Compaoré

Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso.

Peu de personnes le savent: n'eut été sa formation au Maroc, le charismatique Thomas Sankara aurait probablement connu un destin différent. En effet, c'est lors de son séjour à Rabat en 1976 qu'il s'est lié d'amitié avec Blaise Compaoré. Ils suivaient tous les deux le stage de formation des parachutistes. La suite de leur parcours montre que l'histoire de tout un pays sera façonnée pendant plus d'une trentaine d'années à partir de cette amitié.

En effet, c'est Blaise Compaoré him-self qui déposera le colonel Saye Zerbo en août 1983, après avoir libéré Thomas Sankara. Il faut rappeler que Thomas, le panafricaniste et anti-impérialiste, qui était nommé Premier ministre en janvier 1983 avait été arrêté le 17 mai au lendemain de la visite de Guy Penne, conseiller de François Mitterrand aux Affaires africaines et malgaches.

Suite à cela, l'ami Blaise qu'il avait rencontré en complétant sa formation l'installera en tant que chef d'Etat de ce qui deviendra le Burkina Faso, le pays des Hommes intègres.

Malheureusement, leur compagnonnage connaîtra une fin tragique. Blaise Compaoré sera à la tête du commando qui le 27 octobre 1987 tuera le capitaine Thomas Sankara ainsi que 12 de ses gardes.

Mohamed ould Abdel Aziz et Ely ould Mohamed Vall

Poignée de main entre le dernier président civil, Sidi Ould Cheikh Abdallahi et le général Mohamed Ould Abdel Aziz, actuel président.

Autre tandem ayant fait ses premières armes au Maroc et dont chacun des deux membres devint chef d'Etat: Mohammed Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall de Mauritanie. Ils sont tous deux issus de la prestigieuse Académie royale militaire de Meknès, ville située à 150 km de Rabat.

Ces deux-là sont cousins et n'avaient pas besoin de nouer une amitié lors de leur formation marocaine. D'ailleurs, ils ne pouvaient pas se rencontrer aux pieds des montagnes de l'Atlas, vu qu'il y avait 5 ans d'écart entre eux. Ould Mohamed Vall a rejoint la prestigieuse école en 1973, alors que Ould Abdel Aziz y est entré en 1978.

Quoi qu'il en soit, la ressemblance de destin avec le précédent duo Sankara-Compaoré ne s'arrête pas là. Car Mohamed Vall et Abdel Aziz après une longue carrière se retrouveront à la tête de l'Etat mauritanien dans des circonstances similaires. Dans un premier temps, en 2005, c'est Ould Abdel Aziz qui mène un coup d'Etat pour que soit installé Mohamed Vall, comme le fit Compaoré pour Sankara. Mais quand Vall a fini d'assurer la transition et qu'est élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, Ould Abdel Aziz s'empressera de le déposer le 6 août 2008.

Azali Assoumani

Azali Assoumani, président des Comores.

À croire que les officiers issus de Meknès savent s'y prendre pour occuper le sommet de l'Etat. C'est le cas de l'actuel président comorien qui est revenu au pouvoir l'année dernière par la voie des urnes. Mais en 1999, Azali Assoumani, mécontent de la tournure que prennent les évènements dans son pays, avait déposé le président Tadjidine Ben Saïd Massounde à qui il reproche l'intention de pactiser avec des séparatistes de l'île d'Anjouan. Assoumani était alors colonel de l'armée comorienne et venait de fêter son quarantième anniversaire. Cet ancien élève de l'Académie royale réussit à faire adopter une nouvelle Constitution pour son pays qui assure une présidence tournante pour les trois îles de l'archipel. Elu une première fois en 2002, il est remplacé en 2006 avant de revenir au pouvoir dix ans plus tard.

En réalité, depuis sa création, ce sont plus de 800 officiers africains qui ont été formés à l'Académie royale de Meknès. Ce nombre est suffisamment élevé pour qu'en sortent plusieurs chefs d'Etat dans une Afrique où jusque dans les années 2000, les régimes militaires étaient tolérés, voire plébiscités.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/07/2017 à 10h40, mis à jour le 17/07/2017 à 12h00