Mauritanie-Maroc: colère des camionneurs face au blocage de la frontière par le Polisario

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Le 07/11/2020 à 08h50, mis à jour le 07/11/2020 à 15h11

Bloqués à la frontière, les camionneurs marocains qui approvisionnaient les marchés mauritaniens et d’Afrique de l’Ouest crient leur colère face à l’occupation de la zone tampon entre le Maroc et la Mauritanie par des éléments armés du Polisario.

Les gesticulations diplomatiques et sécuritaires du Polisario au niveau de la frontière entre le Maroc et la Mauritanie portent un énorme préjudice aux intérêts des Etats, perturbent le circuit d’approvisionnement et provoquent une vive colère chez les camionneurs bloqués sur place.

Le passage frontalier d'El Guerguerat (à 55 kilomètres au nord de Nouadhibou et à 500 km de Nouakchott) est bloqué depuis plusieurs semaines par les manœuvres des séparatistes soutenus par le gouvernement algérien. C’est par ce point, situé dans une zone tampon contrôlée par les Casques bleus de l’Organisation des Nations unies (ONU) depuis 1991, que passe tout le trafic des fruits et légumes venus du Royaume du Maroc, pour approvisionner le marché mauritanien et une bonne partie de l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), grâce à plusieurs centaines de gros porteurs.

Le comportement du mouvement séparatiste apparaît clairement comme un acte hostile à la Mauritanie et au Maroc du point sécuritaire et diplomatique. De plus, cette situation de casus belli est lourde de conséquences pour les populations de Nouakchott, de Nouadhibou et de bien d’autres localités, confrontées à une pénurie de produits de base et à une flambée des prix. Elle atteint également de nombreux acteurs de la filière dont le commerce est arrêté.

C’est dans cette catégorie qu’il faut classer les 200 camionneurs marocains, actuellement bloqués à la frontière et qui, vendredi 6 novembre, ont lancé un véritable appel de détresse, adressé aux gouvernements des 2 pays. Dans un communiqué, ces routiers font état d'une profonde déprime «face au blocage du passage frontalier par des bandes de miliciens affiliés à un mouvement séparatiste, sans aucun ravitaillement en eau, en nourriture et en médicaments».

Les auteurs du communiqué relayé par la presse mauritanienne affirment notamment «nous vivons dans de très mauvaises conditions, sous un soleil de plomb, un désert aride, sans marché, sans magasins, ni eau potable». Devant «l’urgence» de la situation, ils invitent les autorités du Royaume et le gouvernement mauritanien «à protéger la zone tampon et le poste frontalier qui permet le passage de milliers de conducteurs, de fermiers et de commerçants».

A signaler que la situation au passage frontalier d'El Guerguerat affecte de nombreux secteurs d’activités «avec des effets multidimensionnels, dont des impacts économiques et sociaux au niveau de la ville de Nouadhibou», selon Lemrabott ould Mohamed El Habib, opérateur économique dans la grande ville du Nord, qui s’exprime à travers une interview publiée par le site d’informations en ligne «Al Akhbar».

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 07/11/2020 à 08h50, mis à jour le 07/11/2020 à 15h11