Malgré le ralentissement de ses économies sous l’effet de la chute des cours du pétrole et des matières premières (fer, or, etc.), l’Afrique continue à attirer les grands investisseurs mondiaux qui, en dépit du contexte actuel difficile, affichent majoritairement leur volonté de maintenir, voire de renforcer, le niveau de leurs investissements sur le continent. C’est ce que révèle la dernière étude réalisée par Havas International et l’Institut Choiseul: «Financer la croissance africaine à l’horizon 2020 : perception des investisseurs internationaux».
Selon l’étude, 75% des investisseurs sondés sont optimistes sur les perspectives économiques du continent en 2016. Mieux encore, sur le moyen et long terme, ce sont 91% des investisseurs sondés qui sont optimistes sur les perspectives économiques du continent en 2020.
Si les investisseurs sont optimistes pour le continent, cela s’explique par une conjonction de facteurs, souligne l’étude dont : l’amélioration du climat des affaires, la structuration de zones de libre-échanges, le développement des relations commerciales intra-africaines, le dynamisme démographique, l’émergence des classes moyennes, etc.
Si les investisseurs considèrent l’Afrique comme étant l’une des régions les plus attractives, grâce à ses potentialités et ses perspectives importantes, il n'en demeure pas moins que tous les pays du continent ne sont pas logés à la même enseigne.
Pour la période 2016-2020, cinq pays sont plébiscités par les 55 investisseurs internationaux exerçant une activité en Afrique sondés, dont : Bank of America, BNP Paribas, Edmond de Rothschild, Proprco, Qatar national Bank, Rothschild & Cie, Standard bank, Goldman Sachs, HSBC, Merril Lynch, Attijariwafa bank, etc.
Pour ces investisseurs, les 5 pays africains les plus promoteurs pour investir en 2016 sont l’Ethiopie, le Nigéria, le Maroc, le Ghana et le Sénégal.
I- L’Ethiopie
L’Ethiopie est le pays le plus cité par les investisseurs. Le pays qui affiche les taux de croissance les plus élevés du continent depuis une décennie est plébiscité par 52% des investisseurs sondés. Le pays a réalisé une croissance moyenne annuelle dépassant les 8% sur les 10 dernières années. En plus, avec plus de 90 millions d’habitants, le pays est le second pays le plus peuplé du continent.
De même, grâce aux investissements dans les infrastructures, le pays a amélioré sa compétitivité grâce à l’amélioration de son environnement des affaires et a mis en place une politique d’industrialisation ambitieuse qui commence à porter ses fruits en attirant de plus en plus d’investisseurs chinois qui font face à une perte de compétitivité du fait de la hausse des coûts salariaux.
Le pays qui investit massivement dans les infrastructures (énergie, chemins de fer, routes, etc.) ambitionne, grâce à l’afflux des investissements étrangers, devenir un pôle industriel de référence. Grâce à ses atouts et à l’importance de son marché dont le niveau de vie de la population s’améliorer avec une classe moyenne qui s’agrandit, l’Ethiopie est naturellement plébiscitée par les investisseurs. Ce sont 52% des investisseurs sondés qui citent le pays.
II- Nigéria
Malgré la crise multidimensionnelle que traverse le Nigéria (Boko Haram, chute des cours du pétrole, instabilité dans la région du Délta riche en hydrocarbures, etc.), le Nigéria, classée première économie africaine par les institutions financières internationales, continue à avoir les faveurs des investisseurs sondés. Il faut dire que ce ne sont pas les potentialités qui manquent pour cette puissance africaine.
Outre l fait qu’il soit le second producteur pétrolier africain, le pays attire par son marché intérieur avec une avec plus de 175 millions d’habitants et le lancement de nombreux projets d’infrastructures (chemin de fer, routes, raffineries, etc.), agro-industrie, BTP, agriculture…, visant à réduire la forte dépendance du pays des hydrocarbures.
Le Nigeria est ainsi plébiscité avec 44% des investisseurs sondés intéressés par des investissements dans ce pays.
III- Maroc
Le Maroc figure en troisième position dans les intentions des investisseurs. Le pays est cité par 23% du panel des investisseurs sondés et gagne 2 rangs par rapport à la précédente étude 2015. Outre la capacité de résilience du secteur touristique marocain dans un environnement régional difficile, le royaume bénéficie d’un contexte favorable de la chute des cours du pétrole dont il est fortement dépendant.
En outre, la maturité et la diversification de l’économie marocaine portée par une industrie manufacturière tournée vers l’exportation et la multiplication des accords de libre-échange (UE, USA, Turquie, pays arabes, etc.) ouvrant les produits marocains à plus de 1,1 milliard de consommateurs constituent des atouts indéniables pour attirer les investisseurs. A cela, il faut ajouter l’engagement du pays dans le développement durable avec d’importants investissements dans le solaire et l’éolien visant à réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et l’organisation prochaine de la COP22.
Le Maroc bénéficie d’un environnement globalement favorable, une proximité géographique avec l’Europe, des infrastructures de qualité et son ambition de devenir un hub pour le continent ne laissent pas les investisseurs indifférents.
IV- Ghana
Le Ghana figure au quatrième rang avec 21% des intentions des investisseurs sondés. Le pays tire profit de sa stabilité politique mais aussi du lancement de grands projets régionaux (routes, ports...), le BTP, l’agriculture, etc.
Le pays compte aussi sur sa classe moyenne, son agriculture et les perspectives de développement de plusieurs secteurs : BTP et infrastructures, énergie, mines, pétrole et gaz, etc. Le pays ambitionne de devenir une interface commerciale entre la Côte d’Ivoire et le Nigéria, les deux puissances de l’Afrique de l’ouest, souligne l’étude de Havas.
V-Sénégal
Selon l’étude, le pays bénéficie des effets favorables de la transformation progressive de son économie grâce au développement des secteurs financiers, télécommunications et nouvelles technologies et la diversification de l’économie jusque-là reposant essentiellement sur l’agriculture (arachide, céréales, etc.), l’industrie agroalimentaire et le tourisme.
En plus de la stabilité politique, de son Plan Sénégal émergent (PSE), les découvertes récentes du pétrole et du gaz, avec leurs impacts attendus sur l’économie sénégalaise, ne sont certainement pas étrangers aux intentions des investisseurs. En effet, le pays a recueilli 19% des suffrages des investisseurs dans le cadre de ce sondage.