Mondial 2018: pas de missions impossibles pour les équipes africaines

Deux groupes de la mort et trois poules plus accessibles pour les sélections africaines en 2018.

Deux groupes de la mort et trois poules plus accessibles pour les sélections africaines en 2018.

Le 02/12/2017 à 11h37, mis à jour le 02/12/2017 à 11h38

L'issue du tirage au sort de la Coupe du monde a été inégale pour les sélections africaines. Le Maroc et la Tunisie héritent de deux poules très difficiles mais tout reste possible pour chacune des cinq équipes.

Maroc: l'exploit de 1986 est encore possible

Les Lions de l’Atlas affronteront l’Iran le 15 juin, avant de jouer les gros morceaux que sont le Portugal et l’Espagne. Des deux équipes, l’Espagne reste la plus redoutable. Avant le tirage, beaucoup de sélections, dont la France, souhaitaient l’éviter. Après une Coupe du monde ratée en 2014, la Roja affiche une forme qui n’a rien à envier à celle de la génération dorée qui a remporté la Coupe du monde 2010 et l’Euro 2012. Responsable de la disqualification de l’Italie, la Roja est actuellement forte d’un mélange de cadres expérimentés et de jeunes talents. De Gea, Nacho, Piqué, Asensio, Alcantara, Isco, Ramos, Alba, Silva, Nolito, Morata, Iniesta…Des noms connus des amateurs du football. Si la crise catalane ou les blessures n’impactent pas l’effectif, la Roja reste redoutable pour toute équipe. Le Maroc devra compter sur quelques noms réputés, Belanda, Benatia, Boufal ou Ziyech. Mais aussi sur l’assurance de son sélectionneur qui a déclaré à l'issue du tirage: «Rien n’est impossible en football, il faut y croire». Pour Hervé Renard, la pire des choses à faire serait de se satisfaire de la qualification. «Tout le monde voulait éviter l’Espagne, on l’a héritée, merci beaucoup…On va tout faire pour se qualifier aux huitièmes de finale même si cela paraît difficile», commentait l’entraîneur du Maroc. Pour y arriver, le premier match contre l’Iran sera déterminant. Et Hervé le reconnaît. Il faudra gagner celui-ci pour maintenir la confiance. Ensuite, un match nul contre le Portugal (champion d’Europe en titre) pourra faire espérer la qualification. A ce titre, les joueurs marocains doivent s'inspirer de leurs ainés de 1986 (Timoumi, Bouderbala, Zaki et consorts) qui avaient humilié une belle équipe du Portugal. C'est dire que le Maroc garde sa chance, d'autant que le premier match entre l'Espagne et le Portugal risque de laisser des séquelles au malheureux vaincu de ce derby ibérique. Sénégal: éviter l’euphorie

Dans le groupe H avec la Pologne, le Japon et la Colombie, le Sénégal est, sur le papier, l’équipe africaine qui a bénéficié du tirage le plus clément. D’aucuns parlent d’un tirage facile. Sauf qu’il faut se méfier de la Pologne de Robert Lewandowski. L’attaquant polonais a marqué 16 buts lors de la phase de qualification. Un record. Quart-de-finaliste du dernier Euro, la séduisante équipe polonaise s’est qualifiée avec brio à la Coupe du monde avec un seul faux-pas contre le Danemark (0-4). La Colombe, elle, a joué la Coupe du monde à six reprises et a terminé quart-de-finaliste de l’édition 2014. Les coéquipiers de Rodriguez (Bayern), meilleur buteur du mondial brésilien, n’ont presque pas changé avec Radamel Falcao (Monaco), Ospina (Arsenal), Cuadrado (Juventus), Carlos Bacca (Villareal), Zapata (Milan AC). Quant au Japon, qui participe à sa sixième coupe du monde de rang, il étonne de plus en plus. Face à ces trois équipes, le Sénégal a un effectif qui n’a rien à envier aux leurs. Sadio Mane (Liverpool), Khalidou Koulibaly (Lazio de Rome) ou Keita Baldé (Monaco) constituent le fer de lance d’Aliou Cissé pour reproduire l’exploit qui a conduit à la qualification au mondial russe. Mais les Lions de la Teranga doivent se méfier de cette apparente facilité et plutôt penser à construire un groupe homogène et équilibré. Il faudra surtout bien négocier les deux premiers matchs contre le Japon et la Pologne. Le Nigéria: comme du déjà joué

Après sa difficile qualification, l’Argentine, avec son armada de joueurs issus des grands championnats européens et sud-américains, fait de nouveau peur et passe pour un favori. Sauf que l’Argentine ne devrait pas faire peur au Nigéria. En six participations à la Coupe du monde, les Super Eagles ont été versés cinq fois dans la même poule que l’Argentine. Le Nigeria n’a jamais gagné, mais il n’a jamais été humilié non plus jusqu’à remporter un match amical (4-2) en novembre dernier. Contre l’Argentine, le Nigéria a désormais une inspiration. Mais elle devra d’abord battre la surprenante équipe d’Islande qui a enchanté l’Europe en 2016 avant de se qualifier pour sa première Coupe du monde. Et pour cela, le Nigéria dispose des mêmes armes qui lui ont permis d’arracher son ticket devant le Cameroun, l’Algérie et la Zambie. Sorti d’une poule relevée pour tomber dans une autre, le Nigeria peut compter sur son mélange de joueurs expérimentés et de jeunes prodiges dont Iwobi, Iheanacho et Ndidi. La Croatie aussi monte en puissance. Contre Modric et consorts, la partie ne sera pas aisée. Partant, il faut éviter un faux pas lors des deux pemiers matchs. L’Egypte: ni ouvert, ni fermé

Dans la poule A composée de la Russie, le pays organisateur, de l’Uruguay et de l’Arabie Saoudite, il n’y a pas d’ultra favori. Mais le groupe n’est pas non plus ultra ouvert. Puisque l’Uruguay est là pour sa troisième participation d’affilée avec ses attaquants Luis Suarez (Barcelone) et Edinson Cavani (PSG) et son défenseur Diego Godin (Athlético de Madrid). Il y a aussi le pays hôte, la Russie, qui a l’avantage de son public et qui ne voudra pas sortir dès le premier tour pour ne pas gâcher sa fête. Face à ses principaux concurrents, l’Egypte peut composer sur Mohamed Salah. L’attaquant égyptien, actuellement meilleur buteur de la Premier League avec 12 buts inscrits en 14 matchs, est en forme. Capable de marquer contre toute défense, il est l’arme fatale de l’Egypte. A côté, les jeunes Ramadan Sobhi de Stoke City (Angleterre), Mohamed Elneny (Arsenal) ou Ahmed El Mohamady (Aston Villa), pourront l’aider à se défaire de l’Arabie saoudite dans un premier temps. Mais l’Egypte a aussi cette qualité de pouvoir bâtir son équipe avec essentiellement des joueurs locaux. Donc des joueurs qui n’ont pas de problème d’adaptation au groupe. Tunisie: ce sera dur

Après le Maroc, la Tunisie est la deuxième équipe africaine qui a à produire l’exploit en vue d’une qualification aux huitièmes de finale. Le groupe G comprend en effet la Belgique, l’Angleterre et le Panama. Contrairement au Maroc qui commence par l'équipe la plus abordable, la Tunisie a la malchance de commencer la compétition contre l'Angleterre. Il est vrai que dans les phases finales de la Coupe du monde, les Trois Lions ont toujours été en difficulté. Du moins depuis 1966. En 2014, les Anglais ont été incapables de sortir d'un groupe composé de l'Italie, de l'Uruguay et du Costa Rica. A l'Euro 2016, ils s'étaient fait éliminer en huitièmes de finale par la modeste équipe d'Islande. D'ailleurs depuis leur qualification, plusieurs interrogations se posent autour de l'équipe. Qui mettre dans les buts? La défense est-elle rassurante? Voilà de quoi inspirer les Tunisiens. Le problème, c'est que l'Angleterre ne veut pas rater sa chance cette fois-ci et qu'elle a le temps de se préparer pour cela. La deuxième sortie tunisienne les mettra face à la Belgique, l’un des groupes les plus impressionnants du moment. Kevin Debruyne, Thibaut Courtois, Heden Hazard, Lukaku, Mertens…La liste est longue. Mais la Tunisie, connue pour sa bonne organisation et sa bonne défense, devra se baser sur ces atouts pour espérer créer la surprise. Si les Aigles de Carthage arrivent à arracher au moins un point contre l'Angleterre et la Belgique, ils auront la possibilité de sortir du groupe.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 02/12/2017 à 11h37, mis à jour le 02/12/2017 à 11h38