Les banques marocaines poursuivent leur expansion en Afrique encouragées par les performances des filiales. Aujourd’hui, on compte quelques 45 filiales bancaires marocaines sur le continent. Celles-ci commencent à jouer pleinement leur rôle de relais de croissance en représentant pour certains groupes plus du quart des bénéfices générés. Et le potentiel de croissance des apports des filiales africaines demeurent encore plus important. En moyenne, l’apport des filiales africaines au résultat net part du groupe des trois banques marocaines –Attijariwafa bank, Banque centrale populaire et BMCE Bank of Africa- à fin juin 2016, malgré les efforts de provisionnement liés à la montée des risques, tourne autour de 20%.
Les apports financiers des filiales africaines différent toutefois d’un groupe à l’autre mais on note globalement une montée en régime de toutes les filiales grâce aux apports de leurs maisons mères en terme notamment des process et de gestion des risques.
Attijariwafa bank: les filiales pèsent plus de 22% du Rnpg
Le groupe Attijariwafa bank est présent dans 12 pays africains. Ce développement s’appuie aussi bien sur les investissements réalisés directement par le groupe Attijariwafa bank que par sa filiale sénégalaise CBAO.
Ces filiales contribuent grandement aux résultats du groupe. Ainsi, le produit net bancaire de la Banque de détail à l’international, en hausse de 9,4% par rapport à son niveau à fin juin 2015, a pesé 28% du Produit net bancaire du groupe. Les contributions de ce pôle proviennent presque essentiellement des filiales africaines du groupe.
En termes de bénéfice, les principales filiales africaines du groupe ont généré un résultat net part du groupe de plus de 550 MDH, soit plus de 22% des réalisations du groupe Attijariwafa bank. Les principales filiales contributrices au Rnpg sont Attijari bank Tunisie (143 MDH), CBAO du Sénégal (117 MDH), SIB de la Côte d’Ivoire (109 MDH), UGB –Gabon 60 MDH), SCB-Cameroun (53 MDH) et CDC-Congo (44 MDH). Il faut souligner que l’effet périmètre né de la montée d’Attijariwafa bank dans les tours de table de la SIB (de 51% à 75% du capital) et de CBAO (de 51,9% à 83%) a impacté la part groupe de 79 MDH.
Banque centrale populaire: ABI, un bénéfice de 231 MDH
Le groupe Banque populaire est aujourd’hui présent dans onze pays d’Afrique subsaharienne par le biais notamment de sa filiale, la holding Atlantic business international (ABI), contrôlée à hauteur de 75% et les filiales historiques que sont la Banque populaire maroco-guinéenne et la Banque populaire maroco-centrafricaine détenues respectivement à 77,25% et 62,50%.
ABI est aujourd’hui la véritable locomotive du groupe Banque centrale populaire en Afrique. La holding, grâce au processus de restructuration mis en place par la maison-mère monte en puissance et commence à peser sur les réalisations financières du groupe.
A fin juin 2016, le produit net bancaire d’ABI a progressé de 10% à 1021,5 MDH tiré par une nette appréciation de l’activité de collecte de dépôts et de distribution de crédits en hausse de respectivement 15% et 24% sur une année glissante. Grâce à une progression des marges plus forte que celles de la BCP, ABI a vu sa contribution dans le produit net bancaire du groupe atteindre 13% à fin juin 2016, contre 12% un an auparavant.
Mieux, grâce à la restructuration entreprise au cours de ces dernières années, et malgré les efforts de provisionnement pour faire face à la montée des risques dans un environnement un peu difficile, le résultat net consolidé d’ABI a fait un bond de 13% à 231 MDH.
BMCE Bank of Africa: 27% du Rnpg du groupe générés par les filiales africaines
Présent dans une vingtaine de pays africain, le groupe BMCE Bank of Africa (BBoA) fait de l’Afrique son véritable relais de croissance. Le groupe bancaire s'y développe via son véhicule d'investissement sur le continent, Bank of Africa, contrôlée à hauteur de 75%, la Banque de développement du Mali (détenue à 32,4%) et la Congolaise de banque (37%).
A fin juin 2016, les résultats agrégés des trois filiales fait ressortir un produit net bancaire d’environ 3 milliards de dirhams et un résultat net d’environ 850 millions de dirhams. C’est Bank of Africa, présente dans 18 pays, qui réalise l’essentiel des résultats des filiales africaines du groupe avec un produit net bancaire consolidé en hausse de 6,2% à plus de 2,5 milliards de dirhams et un résultat net consolidé de 650 millions de dirhams. La locomotive de BBoA en Afrique subsaharienne compte 2,9 millions de clients et un réseau de 528 agences. Pour sa part, la Banque de développement du Mali réalise de bonnes performances avec un produit net bancaire en hausse de 21% à plus de 300 MDH et un résultat net en progression de 15% à plus de 160 MDH.
La contribution de ces filiales africaines au résultat net part du groupe (Rnpg) de BMCE Bank of Africa s’est établie à 337,5 MDH, en hausse de 11% par rapport à celui de juin 2015. Les filiales africaines pèsent ainsi 27% du Rnpg du groupe à fin juin 2016.
Au total, les filiales des banques marocaines en Afrique constituent des véritables relais de croissance. Leurs apports en termes de résultat devraient croître dans les années à venir sous l’effet combiné de plusieurs facteurs. D’abord, il y a la poursuite de l’extension du réseau des filiales avec la poursuite de l’expansion en Afrique des trois grandes banques. A ce titre, on peut signaler l’acquisition de 100% du capital de Barclays Egypt par Attijariwafa bank. La filiale a réalisé en 2015 un Pnb de 176 millions d’euros et un bénéfice de 70 millions d’euros. De même, la banque va ouvrir une filiale au Tchad. Pour sa part, la Banque Populaire vient de boucler sa présence dans les 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest africain (UEMOA en inaugurant, il y a une semaine, sa filiale en Guinée Bissau.
Ensuite, il y a l’effet de la croissance organique des filiales africaines avec des réseaux d’agences plus nombreux et une bancarisation en amélioration générant plus de revenus. Enfin, grâce aux opérations de restructuration entreprises par les maisons-mères ayant permis d’assainir les comptes des filiales, ces dernières devraient générer davantage de bénéficies dans les années à venir.
Bref, l’avenir est plus que prometteur pour les groupes marocains implantés en Afrique, sachant que le taux de bancarisation demeure encore faible en Afrique subsaharienne (moins de 15% dans de nombreux pays) et que de nombreux pays de la région sont engagés dans une dynamique de croissance appréciable.