Les pays à faible revenu dénoncent la thèse fiscale de la Banque mondiale

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Le 07/10/2016 à 10h57, mis à jour le 07/10/2016 à 11h16

Les ministres des Finances des pays à faible revenu (PFR) de la francophonie exhortent la Banque mondiale à revoir la thèse qu’elle défend dans le domaine de la fiscalité. Ils dénoncent les incohérences des recommandations de l'institution de développement.

Réunis à Washington jeudi après midi en prélude aux Assemblées générales annuelles du Fonds monétaire internationale (FMI) et du groupe de la Banque mondiale (BM), dont les assises démarrent ce vendredi, les responsables des pays à faible revenu (PFR) appellent l’institution financière à «les aider à augmenter leurs recettes fiscales» pour disposer de plus de ressources domestiques capables de contribuer aux actions de développement.

S’exprimant au cours d’une conférence de presse organisée après la réunion, Abdoul Aziz Tall, ministre auprès du Président de la république du Sénégal, en charge du Plan Sénégal émergeant (PSE), a expliqué le sens de la démarche des PFR.

Les ministres des Finances des PFR relèvent globalement une «incohérence» entre l’attitude de la Banque mondiale qui prône une mobilisation des ressources internes, alors qu’en même temps, un sous critère dans le classement Doing Business accorde une note plus élevée aux taux d’imposition les plus faibles. Partant, ces pays demandent à la Banque mondiale (BM) «d’éliminer les exonérations fiscales pour les projets financés sur fonds de la Société financière internationale (SFI) et de renoncer au critère du rapport Doing business qui encourage la réduction des impôts sur les sociétés».

Ils plaident également «en faveur de réformes urgentes du système fiscal international, d’une augmentation de l’aide pour financer le développement et lutter contre le changement climatique, ainsi que d’autres mesures pour réduire les risques de futures crises liées à la dette».

Les conclusions des travaux de cette réunion des PFR font ressortir l’importance capitale des recettes fiscales et des financements concessionnels innovants «qui sont des composantes majeures dans le cadre de la mobilisation des ressources intérieures, et permettent d’éviter le recours à des sources de financement plus onéreux conduisant à une dette insoutenable».

En effet, pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), même sur la base d’un large appel au secteur privé, ces pays «devront mobiliser annuellement 1500 milliards de dollars supplémentaires par rapport au montant qui étaient nécessaire dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Et au moins 250 millions de dollars devront être affectés à l’adaptation au changement climatique».

Du coup, «l’adoption des ODD impose un changement d’échelle des financements pour le développement. Il est nécessaire que les financements concessionnels doublent d’ici 2025 et que les donateurs devront faire des progrès rapides pour atteindre cet objectif», estiment les PFR.

Enfin, ces Etats mettent aussi en exergue l’effort de mobilisation des ressources domestiques et signalent «avoir financé à hauteur de 80% leur développement sur des ressources propres, avec un accroissement des recettes fiscales équivalent à 6% de leur produit intérieur brut (PIB) durant les 15 dernières années».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 07/10/2016 à 10h57, mis à jour le 07/10/2016 à 11h16