A ce sommet de l'Organisation des Nations unies de septembre 2017, certains sujets se sont invités, s'imposant aux dirigeants du monde. Il y a la question du nucléaire dans la péninsule coréenne ou celle des Rohingyas en Birmanie. Et les tempêtes tropicales qui occupent l'actualité depuis un mois reposent avec acuité l'accord sur le climat dont les Etats-Unis sont sortis, faisant un pied de nez à la communauté internationale.
Mais, à côté de ce débat sur les pluies torrentielles dévastatrices dans l'Atlantique et le Pacifique, le Sahel, une région où il ne tombe que quelques millimètres de pluie par an, entendait focaliser l'attention des participants de ce sommet de New York. Les chefs d'Etat du Mali, du Burkina Faso, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad sont préoccupés par le financement de la force de lutte antiterroriste qu'ils viennent de mettre en place avec le soutien de la France.
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Hier lundi 18 septembre, comme annoncée, une conférence s'est effectivement tenue en marge du sommet de l'ONU. Y étaient présents Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, Emmanuel Macron, le président français et parrain de la force du G5 Sahel, Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne et Alpha Condé président de l'Union africaine jusqu'en janvier prochain.
Trump snobe le G5 Sahel
Ibrahima Boubacar Keita du Mali qui avait convaincu Mahamadou Issoufou du Niger, Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Roch-Marc Christian Kaboré du Burkina Faso et Idriss Déby du Tchad d'être présents, pensait fermement que les Etats-Unis allaient au moins être représentés par Rex Tillerson le secrétaire d'Etat américain. Sauf, qu'après avoir entretenu le flou sur sa participation jusqu'à la dernière minute, l'Administration Trump a commis un fonctionnaire de niveau intermédiaire pour assister aux débats. En effet, à cette réunion que les chefs d'Etat voulaient de très haut niveau, l'administration Trump a choisi d'y envoyer un conseiller du Homeland Security, qui est l'équivalent du ministère de l'Intérieur.
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On n'a pas besoin d'être connaisseur des rouages de la diplomatie onusienne, pour savoir qu'un conseiller au ministère de l'Intérieur américain ne peut être d'aucun intérêt quand il s'agira de demander à l'ONU de délier les cordons de la bourse. D'autant que le même jour, Trump a envoyé indirectement sa réponse à la sollicitation des pays du G5 Sahel, lors de la première journée, en présentant un vague projet de réforme. Il estime les effectifs de l'administration onusienne pléthoriques et offre même son aide à l'ONU pour travailler à réduire les charges inutiles. Est-ce que le financement que l'ONU pourrait éventuellement accorder à la force du G5 Sahel fait partie de ces dépenses inefficaces auxquelles pense Trump?
Bye bye le financement des Nations Unies
Au niveau du G5 Sahel, tout le monde a désormais la certitude que c'est peine perdue de vouloir conduire Trump à soutenir ce projet du G5 Sahel. L'Administration américaine ne votera jamais pour qu'une partie du milliard de dollars de la Mission multidimensionnelle des Nations unies de stabilisation pour le Mali (Minusma) aille à la force de lutte antiterroriste du G5 Sahel. Pourtant ce financement des Nations unies est le seul qui pourrait avoir un caractère régulier. Les dons et autres contributions de la France ou de l'Union européenne n'interviendront que pour le lancement. C'est également valable pour la conférence des donateurs prévue en décembre prochain à Genève lors de la session de l'Union européenne.
Beaucoup avaient commencé à croire à la force du G5 Sahel. Mais face à un Trump qui fait plus la pluie que le beau temps, les cinq pays de cet espace de savane et de zone semi-désertique n'ont qu'un ciel nuageux comme maigre lot de consolation.