Après la première visite à Bamako d’une délégation du secrétariat exécutif du G5 Sahel, il y a quelques jours, le ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la coopération, Ismaël Cheikh Ahmed, s’est à son tour rendu, hier soir, jeudi 3 septembre 2020, dans la capitale malienne. Dédié à la lutte contre le terrorisme, et l’insécurité, et à la coordination des efforts de développement, le G5 Sahel est composé, outre de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad.
Jusqu'à présent, tant les instances du G5 Sahel, que la Mauritanie, dont le président, Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, assure actuellement la présidence tournante de cette organisation sous-régionale, étaient restées relativement discrètes sur la crise au Mali, qui a mené à un putsch militaire, puis à la démission du chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Keïta.
Plongé depuis plusieurs années dans une spirale de violences à cause de l’activisme de groupuscules terroristes, tout particulièrement dans sa région nord, le Mali avait basculé dans la contestation politique et des manifestations répétées, qui ont mené au renversement du régime du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), par une junte de jeunes officiers, le 18 août dernier.
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A Bamako, le chef de la diplomatie mauritanienne est accompagné, pour cette visite de travail, du secrétaire exécutif du G5 Sahel, le Nigérien Mama Sambo Sidikou, et du général Mohamed Znagui, conseiller en sécurité de l’organisation sous-régionale. Ce séjour Ismaïl Cheikh Ahmed sur les bords du fleuve Djoliba (le fleuve Niger), lui a permis de rencontrer et se réunir avec les principaux acteurs de la crise qui prévaut dans ce pays.
Au cours de cette mission «de solidarité et de soutien» au Mali, effectuée sur instructions du président mauritanien, Ismaïl Cheikh Ahmed a donc rencontré et tenu une série de réunions avec les principaux acteurs de la crise au Mali, dont, en premier lieu, le colonel Assimi Goïta, président du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), mais aussi avec plusieurs membres du CNSP.
L’Imam Mahmoud Dicko, figure de proue de la contestation du M5-Mouvement des Forces Patriotiques (M5-MFP) a également eu l'oreille du chef de la diplomatie mauritanienne, de même que Mohamed Saleh Nazif, chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), ou encore Tibilé Dramé, l'ex-ministre des Affaires étrangères du régime renversé du président Ibrahima Boubacar Keita (IBK).
Le ministre mauritanien des Affaires étrangères s'est également entretenu avec de nombreux diplomates africains, arabes et occidentaux en poste dans la capitale malienne.
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Au cours de ces échanges, Ismaël Cheikh Ahmed a insisté sur «les liens historiques, géographiques, les intérêts communs, qui imposent un devoir de solidarité et obligent la Mauritanie à se tenir aux côtés du Mali, face à la situation actuelle. Il s’agit d’accompagner ce pays dans la recherche d’une solution de sortie de crise, grâce à une transition consensuelle, acceptable pour le peuple et conforme aux normes internationales», a relayé l'agence de presse officielle de Mauritanie, l'AMI.
Le diplomate mauritanien a aussi tenu à rappeler «le caractère contre-productif des sanctions, qui portent plus préjudice aux populations en pareilles circonstances». Une allusion très claire aux récentes mesures de rétorsion prises par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao), dont les dirigeants ont décidé de fermer leurs frontières avec le Mali.
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Lors de sa mission dans la capitale malienne, qui se poursuit encore ce vendredi 4 septembre 2020, Ismaël Cheikh Ahmed a également mis l’accent sur la détermination des partenaires du G5-Sahel de poursuivre leur combat commun contre les groupes terroristes.
Il faut dire que les intérêts convergent de ce point de vue, la Mauritanie et le Mali partageant plus de 2.000 kilomètres de frontières communes, dont certaines zones sont très peuplées, mais qui comportent aussi de vastes étendues désertiques au Nord-Est, précisément là où sévissent les groupuscules terroristes.