Au Sénégal, les réactions n’ont pas tardé. De façon générale, deux explications claires se dégagent. D’une part, le Tchad récolte les dividendes de son engagement dans la lutte contre le terrorisme. D’autre part, le Sénégal n’a plus d’excellentes relations avec ses voisins ce qui a tendance à l’isoler.
Cette analyse pour le moins pertinente du contexte sous-régional ouest-africain pointe ce qui a été déterminant dans le vote de certains chefs d’Etat de la CEDEAO. Dans son voisinage immédiat le Sénégal ne peut compter ni sur Conakry, ni sur Nouakchott, et pas tout à fait sur Bamako. Même Bissau a tendance à lui tourner le dos.
Pour la Guinée, Alpha Condé en veut à Macky Sall à cause de la décision des autorités du pays de fermer la frontière lors de l’épidémie d’Ebola. Le Sénégal ne peut pas non plus bénéficier du soutien malien à cause des lenteurs dans l’intervention sénégalaise au moment de l’invasion du Nord Mali. Alors que le Tchad a traversé le vaste désert nigérien pour dépêcher ses troupes au secours du Mali.
Certains prêtent même aux autorités sénégalaises d’avoir financé la campagne présidentielle de l’opposition malienne lors des dernières élections. En tout cas c’est ce qui se murmure à Bamako.
En ce qui concerne la Mauritanie, elle a même voulu rompre l’axe Rabat-Dakar pour asseoir son hégémonie. Un problème auquel s’ajoute la découverte du pétrole entre les deux pays. Quant à la Guinée-Bissau, la tutelle dakaroise commence à être lourde depuis la mort de Kadhafi. Elle se rapproche de plus en plus de l’Algérie.
Pourtant, la diplomatie sénégalaise a toujours eu une bonne place sur la scène africaine et mondiale. «Le Sénégal a uni l’Afrique, la Umma islamique et le monde lors de la crise post-électorale en Gambie. Même les derniers médiateurs que certains pointent du doigt se sont dit solidaires de la décision de la CEDEAO », soutient Seydi Gassama de la section sénégalaise d’Amnesty International.
Mais le vote du Mali, du Niger, du Burkina Faso, de la Mauritanie en faveur du candidat tchadien s’est sans doute décidé au sein du G5 Sahel qui regroupe ces quatre pays et le Tchad. Il en est de même pour le vote Nigérian.
