L’Afrique de l’Ouest accuse des pertes énormes imputables à la pêche illégale

DR

Le 30/06/2016 à 15h32

La pêche «illégale» a atteint des niveaux «catastrophiques» en Afrique de l’Ouest. Elle cause d’énormes préjudices aux différents Etats touchés, tant en termes de revenus financiers qu'environnementaux.

Les pillages des côtes africaines causent des manques à gagner énormes pour les Etats et des impacts environnementaux difficilement chiffrables. Un rapport conjoint d’experts publié sous le titre «Le poisson manquant d’Afrique de l’ouest», produit par Overseas développement institute (ODI) -un groupe de réflexion britannique spécialisé dans le développement- et une organisation espagnole de journalistes d’investigations dénommée «Porcausa».Ce document cite à titre d’illustration les exemples du Sénégal, de la Sierra Leone et de la Mauritanie «qui perdent des revenus substantiels à cause des tonnes de captures illégales dans leurs eaux» par le biais de gros chalutiers venus parfois de très loin.Au titre de l’année 2012, selon les experts, le Sénégal aurait perdu 300 millions de dollars (soit 2% de son Produit intérieur brut-PIB) et la Sierra Leone, un des pays les plus pauvres du monde, 29 millions de dollars, selon le document, qui ne fournit cependant pas de chiffres au sujet de la Mauritanie.Le document invite les gouvernements concernés par ces pillages à accentuer les actions de lutte contre la pêche illégale et «à un effort concerté pour renforcer les industries de transformation du poisson et les flottes nationales de pêche au lieu de vendre des droits de pêche à des opérateurs étrangers», sacrifiant ainsi toute la valeur ajoutée d’un secteur vital. Ce qui est pour le moment loin d’être le cas. Ainsi, pour la Mauritanie, qui dispose d’une côte de 700 km considérée comme l'une des plus poissonneuse du monde, le dernier protocole de pêche liant la Mauritanie à l’Union européenne (UE) a été signé en novembre 2015 et validé par le parlement de Bruxelles le 11 mai 2016 pour une durée de 4 ans.Il permet à la flotte européenne d’accéder à plusieurs espèces de poissons dans la zone exclusive mauritanienne «crevettes, poissons démersaux, petits pélagiques, thon, etc.» pour une compensation financière annuelle de 59,125 millions d’euros, dont 4,125 millions destiné à la politique de développement du secteur de la pêche.Les bateaux européens pêchant dans les eaux mauritaniennes ne débarquent pas leur production et les Mauritaniens n’ont aucune indication sur les tonnages prélevés.Nouakchott est également liée à la société chinoise «Poly Hondong» par un contrat conclu il y a quelques années, fortement critiqué par l’opposition et une partie de l’opinion qui a dénoncé «les conditions nébuleuses» de sa signature.La pêche assure 25% des recettes en devises de l’Etat et le secteur créé plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs et indirects.A cela il faut aussi ajouter les nombreux bateaux qui pêchent illégalement dans les eaux mauritaniennes et dans les eaux des pays de la région.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 30/06/2016 à 15h32