Wade-Aziz: les liaisons dangereuses?

Abdoulaye Wade, ex-président du Sénégal.

Abdoulaye Wade, ex-président du Sénégal. . DR

Le 18/08/2016 à 11h48

L’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade est attendu prochainement en Mauritanie. Cette visite qui interviendrait en pleine période de froid diplomatique entre Dakar et Nouakchott, est scruté du côté du pouvoir sénégalais.

Alors que Dakar et Nouakchott sont en froid diplomatique, l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, est attendu du côté de la Mauritanie. En tout cas, c’est ce qu’annonce le journal «Le Quotidien» dans son édition du jour, citant des sites mauritaniens. Pour le journal, cette manœuvre du vieux politicien de l’autre côté du fleuve Sénégal a pour but de sceller une «alliance improbable» avec «l’autocrate» président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz pour faire perdre le Nord à Macky Sall.

«En froid avec Macky Sall, le président mauritanien trouve en la personne de l’ancien chef de l’Etat sénégalais un relai pour prolonger la bataille autour du Polisario», écrit «Le Quotidien». Même si cela ne peut être qu’une «alliance de circonstance», un rapprochement Wade-Aziz suscite forcément beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes du côté du pouvoir sénégalais.

Il faut rappeler que lorsqu’il était au pouvoir, Abdoulaye Wade, connu pour sa ruse politique, avait tissé de solides liens avec Aziz. Principal médiateur dans la crise mauritanienne consécutive au putsch orchestré par Aziz, le président sénégalais d’alors avait joué un rôle déterminant dans la résolution de la crise. Ce qui avait abouti à l’organisation d’élections dont on connaît le résultat et, du coup, à légitimer le pouvoir d’Aziz. S’agit-il aujourd’hui d’un retour d’échelle de la part d’Aziz à un son «ami» pour l’aider à faire élire son fils (Karim) à la tête du Sénégal ? L’adage dit que l’ennemi de mon ennemi est mon ami…

Si cette hypothèse semble plus plausible, «Le Quotidien» n’écarte pas l’hypothèse que le voyage de Wade en Mauritanie puisse avoir un volet financier, en rapport avec l’affaire Karim Wade. En effet, pendant la traque des biens dits «mal-acquis», le journal avait révélé l’existence de comptes ouverts au nom de Karim Wade auprès de la Banque mauritanienne pour le commerce international (BMCI. Cependant, ni pendant l’instruction, ni durant le procès, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) n’avait évoqué l’existence de ces comptes.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 18/08/2016 à 11h48