L'opposition mauritanienne réclame à Kinross la lumière sur des présomptions de corruption

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Le 27/07/2016 à 17h36

Trois poids lourds de l’opposition mauritanienne réclament la lumière sur des faits présumés de corruption au géant canadien Kinross. Cette réclamation rentre dans le cadre de l’enquête ouverte par la Securities And Exchange Commission (SEC) américaine.

L’opposition mauritanienne souhaite que toute la lumière soit faite sur les présomptions de corruption concernant le groupe minier canadien Kinross, cinquième producteur mondial d’or et qui exploite une mine d’or au nord de la Mauritanie via sa filiale, Tasiast Mauritanie limited, et le cercle proche des dirigeants actuels mauritaniens.

Les auteurs de ce courrier que sont Ely Ould Mohamed Vall, ex-chef de l’Etat (2005/2007), Ahmed Ould Daddah, leader du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), plusieurs fois candidats malheureux à une élection présidentielle, et Salah Ould Hanana, président du parti Hatem, poids lourds de l’opposition mauritanienne, souhaitent des réponses claires sur les allégations de la SEC américaine.

Pour rappel, la Securities and Exchange Commission (SEC), gendarme de la bourse américaine, et la section des investigations internationales de la gendarmerie royale du Canada, ont ouvert des enquêtes sur des présomptions de corruption touchant la compagnie Kinross et certains membres du cercle du pouvoir en place à Nouakchott.

Des éléments abondamment commentés dans les colonnes de la presse internationale au cours de la deuxième partie de l’année 2015.

«Des tribunaux de New York et Toronto vous soupçonnent d’avoir sacrifié les droits et intérêts du peuple mauritanien au profit de ceux de certains de ses dirigeants actuels. Les contrats d’approvisionnements et services seraient, depuis quelques années, exclusivement adjugés à des personnalités très proches du premier citoyen du pays. Votre politique de gestion des ressources humaines refléterait un alignement total sur les intérêts de certains de nos hauts responsables et l’acquittement de vos devoirs vis-à-vis de l’Etat, du fisc et du peuple mauritanien aurait été ajusté en conséquence», peut-on lire sur la correspondance des opposants.

Parlant de la situation actuelle de la mine de Tasiast, les auteurs de la correspondance affirment «ne pas être surpris» par les difficultés qui caractérisent les relations entre les autorités de Nouakchott et la compagnie manière.

Cependant, ils affichent «leur révolte» face à la décision d’arrêter les activités de production prise à la mi-juin, suite au nom renouvellement des permis des travailleurs étrangers.

Les Mauritaniens souhaitent la présence dans le pays «d’une entreprise solide et performante, qui gagne de l’argent, se conforme aux lois et règlements, dans le respect de la souveraineté nationale», expliquent les opposants.

Le caractère «inédit» de l’enquête et la convergence d’indices provenant de diverses sources devraient apporter un élément majeur à la compréhension des mécanismes de corruption dont usent les compagnies des industries extractives en Afrique et dans le monde, selon l’ONG «SHERPA».

La Mauritanie représente un peu moins de 10% de la production actuelle de Kinross et 25% des réserves en or de la compagnie. La société aurifère offre 2600 emplois directs et indirects et a généré un chiffre d’affaires moyen annuel de 430 millions de dollars au cours des 4 dernières années.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 27/07/2016 à 17h36