Mauritanie: une industrie en difficultés

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Le 08/08/2016 à 18h06

Encore embryonnaire, le tissu industriel mauritanien, qui représente 5 à 6% du produit intérieur brut(PIB) du pays, souffre de multiples difficultés. Ahmed Ould Hamza, président de la Fédération des industries minières (FIM) décortique les maux de cette industrie.

Hormis les industries minières (fer et or notamment), la Mauritanie produit de l’eau minérale, des biscuits, des pâtes alimentaires et couscous, du lait et produits laitiers, des bonbons, de la confiserie, du ciment, du plâtre, des pièces mécaniques, des pièces en fonte, des produits en PVC…. Le secteur est confronté à des difficultés majeurs qui font que des pans entiers de cette industrie sont aujourd’hui menacés.

Selon le président de la Fédération des industries des mines (FIM), la première équation à laquelle est confrontée l’industrie nationale est liée à «la demande d’un marché de 3,5 millions de consommateurs ayant un faible pouvoir d’achat».

A cela, ajoute t-il, il y a la politique trop libérale du pays qui fait que «le marché national est inondé par des produits venants de partout». Ces importations étant facilités par le fait que «que les produits qui rentrent par les ports de Nouakchott et Nouadhibou sont dédouanés au forfait et non sur leur valeur réelle».

En outre, les filières de contrebande inondent le marché national. Ainsi, les régions nord/est et nord sont inondés par les filière du «Polisario» avec des marchandises non dédouanées qui ont littéralement évacué les produits industriels mauritaniens des circuits de distribution. De même, «les produits subventionnés, destinés au Sahara marocain, rentrent du côté de Nouadhibou suivant encore un système de dédouanement au forfait à la frontière», ajoute t-il.

A ces acteurs qui asphyxient l’économie mauritanienne, Ahmed Ould Hamza ajoute également la nouvelle donne liée à l’évolution de la situation sécuritaire sous régionale. A cause de cette situation, «l’activité d’exportation informelle des produits industriels nationaux vers le Mali à l’Est est désormais contrée par le conflit au Nord de ce pays, qui a éclaté en 2012».

Tous ces problèmes étouffent le secteur industriel mauritanien. Face à cette situation, le gouvernement mauritanien met actuellement en œuvre un plan de relance pour la période 2015-2020.

Celui-ci a pour objectif «de favoriser une croissance économique diversifiée, inclusive, durable, réductrice des inégalités et de la pauvreté, et orientée vers la création des emplois», selon la ministre du Commerce, de l’industrie et du tourisme, Mme Naha Mint Mouknass.

Il s’appuie sur la valorisation du potentiel industriel de l’élevage, de l’agriculture, de la pêche et des ressources minérales, l’amélioration de la qualité et de la compétitivité des entreprises, la création et l’aménagement de zones industrielles, l’insertion du pays dans le circuit de délocalisation et la création d’un environnement permettant aux entrepreneurs de développer leurs projets

Vaste programme pour un marché de seulement 3,5 millions d’habitants, qui n’est arrimé qu’à l’Union du Maghreb arabe (UMA), une organisation qui traîne le statut de Communauté économique régionale (CER) la moins intégrée du continent africain avec seulement 3% d’échanges entre les membres.

La Mauritanie, du fait de sa double appartenance au monde arabo-africain avait la possibilité de bénéficier d’un marché de 350 millions de consommateurs de l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qu’elle a quitté en 2000.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 08/08/2016 à 18h06