Mauritanie: explosion du prix du mouton à la veille de l'Aïd al-Fitr

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Le 25/06/2017 à 14h23

Les Mauritaniens fêtent ce dimanche l'Aïd al-Fitr. L'occasion pour de nombreuses familles de sacrifier un mouton. Les spéculateurs en ont profité pour augmenter sensiblement le prix des ovins dans un contexte de profonde déprime pour les petites et moyennes bourses.

En Mauritanie, toute fête religieuse est l'occasion de sacrifier un mouton. C'est le cas de l'Aïd al-Fitr qui marque la fin du mois de ramadan et samedi à Nouakchott, le prix des ovins a explosé. 

Ce phénomène de flambée des prix a été notamment constaté au principal foirail de la capitale mauritanienne, situé dans la commune d’El Mina (proche banlieue sud) et sur d’autres lieux de vente de bétail.

Ainsi, à El Mina, les moutons de la meilleure qualité se négociaient samedi après-midi entre 70.000 (environ 175 euros) et et 80.000 ouguiyas (environ 200 euros).

Pour une catégorie en dessous, les vendeurs de bétail exigent un montant compris entre 35.000 ouguiyas et 50.000 ouguiyas, pour rester dans des limites acceptables.

En dessous encore, les pères de famille se retrouvent avec une bête de piètre qualité, et de forts gros risques d’essuyer la colère de leurs épouses.

Ces prix sont élevés sachant que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Mauritanie tourne autour de 30.000 ouguiyas.

Par ailleurs, en plus du mouton, la fête nécessite de nombreuses autres dépenses liées à l’obligation d’acheter des habits pour tous les enfants de la famille.

Un véritable chemin de croix en ces temps de vaches maigres marqués par une profonde déprime économique, avec des conséquences sociales de plus en plus lourdes.

Interrogé sur les raisons justifiant le niveau des prix dans ce contexte, Sidi ould Maouloud répond avec un argument en béton «c’est à cause de l’approche de la fête marquant la fin du ramadan 2017, attendue dans quelques heures. Il y a moins d’une semaine, les moutons coûtaient 30 à 40% moins cher» précise-t-il.

Omar Bâ, vendeur venu de Djéwol, une commune de la vallée du fleuve Sénégal, avance le même argument. «Le berger qui se trouve à plusieurs centaines de kilomètres de Nouakchott, élève ses moutons pendant 2 à 3 années au cours des desquelles il dépense de l’argent et déploie des efforts immenses pour les surveiller et leur trouver de la nourriture. Je suis allé sur le terrain j’ai acheté un mouton à 30.000 ouguiyas. J’ai payé le transport, les diverses taxes et supporté le coût de l’entretien en attendant de trouver un client ici à Nouakchott. Tous ces facteurs entrent en ligne de compte pour la fixation du prix de vente. Alors, à quel prix voulez que je revende mes animaux au moment de la fête?» lâche-t-il.

Pour sa part, Sidi Ould Dah explique «pour convoyer des moutons par camions gros porteurs de Kiffa vers Nouakchott, sur une distance de 600 kilomètres, on débourse 400 ouguiyas par tête. En faisant venir 200 animaux sur un voyage, il faut multiplier ce montant par autant de bêtes transportées. Ce qui donne un prix de revient très élevé et nous contraint à fixer la barre à un niveau très haut pour espérer rentrer dans nos frais».

En s'appuyant sur ces bases, les moutons venus de Néma, ville située à 1100 kilomètres de Nouakchott reviennent encore plus chers.

Demba Diallo, un autre vendeur venu de Djiabine, une localité située aux confins frontaliers des régions de Kaédi et Selibaby, arrive à écouler un bon nombre de moutons à des coûts variant entre 35.000 et 45.000 ouguiyas, en notre présence.

L’homme semble opter pour un bénéfice raisonnable, jetant ainsi son dévolu sur une stratégie qui permet d’écouler le maximum de bêtes «dès que je trouve 2.000 à 3.000 ouguiyas de bénéfices, je liquide pour gagner du temps et limiter les frais d’entretien», explique-t-il

Dans ce grand foirail de Nouakchott, de nombreux consommateurs ont déjà payé la bête en ce samedi après-midi. Sur place, des spécialistes du dépeçage proposent leurs services contre la somme de 1.200 ouguiyas. Mais vous avez tout intérêt à rester vigilant pour écarter tout risque de détournement d’une bonne partie de votre viande si chèrement acquise, soufflent les habitués de ces lieux.

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Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 25/06/2017 à 14h23