Mauritanie: une startup dans le bio frappe aux portes de l'Europe

Le "toogga" ou "soump en wolof", Balanites aegyptiaca, est l'une des plantes les plus fréquentes dans les zones semi-désertiques du Sahel.

Le toogga ou "soump en wolof", Balanites aegyptiaca, est l'une des plantes les plus fréquentes dans les zones semi-désertiques du Sahel. . DR

Le 17/03/2018 à 18h17, mis à jour le 17/03/2018 à 18h19

Après avoir remporté le trophée Green Festival de Washington, en mai 2016, la startup Toogga Sarl décroche sa certification bio pour certains produits de sa gamme. La porte de l'exportation vers l'Europe s'ouvre enfin.

«Toogga» est le nom d’un fruit sauvage local très abondant, porté par une startup dirigée par Mohamed Baba, un ingénieur mauritanien qui a réussi à faire certifier trois produits issus du «Teychet national mauritanien" -nom scientifique: Balanites aegyptiaca- dattier du désert, qui bénéficient désormais d’une autorisation d’exportation ouvrant les marchés européen et américain.

A propos de l’identité précise des produits «Toogga SARL», la startup explique «qu’il s’agit d’une huile à usage cosmétique, d’une huile à usage alimentaire et d’un gel nettoyant 100% à base de dattes du désert».

Ainsi, cette certification «ouvre les marchés européen et américain à ces 3 produits issus du terroir mauritanien et laisse entrevoir de bonnes perspectives pour les produits de la région».

A travers une deuxième vague, la startup mauritanienne ajoute «avoir lancé le processus de certification pour d’autres produits tels que l’huile de Voond (graines de pastèques), l’huile de Baobab (Eteydoum) et l’huile de Neem (quinine). Ce sera aussi le cas pour la poudre de Baobab (Tejmakht), la gomme arabique et la fleur d’hibiscus (Bissap)», ajoute le communiqué.

Parlant du processus de certification, le communiqué de la startup explique «qu’il est complexe et souvent méconnu ou sous-estimé. Car, il ne suffit pas que le produit soit naturel, cueilli à l’état sauvage et loin de toute source de pollution pour lui donner le qualificatif de bio».

En effet, pour avoir accès à celle-ci, le processus est passé par deux étapes. D'abord, il y a eu l’organisation d’un stage de formation sur l’agriculture biologique prodigué par un bureau international agréé, suivi pendant 2 jours par l’équipage de la startup, mais aussi par des membres de coopératives de femmes chargées de la cueillette des fruits sur le terrain. Ensuite, des inspecteurs ont été dépêchés par ECOCERT, un des plus grands laboratoires agréés dans la certification des produits agricoles. Cette opération s’est étalée sur une durée de 4 jours.

Elle a permis «de procéder à un audit approfondi de l’ensemble de la chaîne de production, visite des zones de cueillette des dattes du désert (Toogga) dans les environs d’Aleg, suivie d’une inspection des locaux de la coopérative, d’une vérification des conditions de travail et des traitements subis par la matière en insistant sur le stockage et le transport» .

Les 2 autres jours étaient consacrés à l’examen des documents constitutifs de l’entreprise «Toogga Sarl» et au contrôle des conditions de production de l’huile dans le laboratoire de Nouakchott, pour examiner si aucun contaminant chimique n’a été en contact avec les huiles, et surtout s’il y a possibilité de certifier la traçabilité des produits en cas de problème.

Le certificat «Bio» est délivré pour une période de 2 ans avec obligation de subir une nouvelle inspection dans l’intervalle. Il existe trois références de certification: Ecocert Organisation Standard-Europe, National Organic Prpogram/suivi par l’USDA-département de l’agriculture des Etats-Unis et la Japonaise Agriculture Standard (JAS).

La première coopérative de femmes chargées de la cueillette des produits locaux transformés en huile par «Toogga SARL» emploie 33 mères de famille. Celles-ci travaillent dans un endroit aménagé à cet effet, bénéficiant de certaines infrastructures nécessaires à l’exécution de la tâche, notamment de petits aménagements à vocation agricole (diguettes, cordons pierreux) réalisés pour permettre la restauration du sol.

Par ailleurs, Toogga SARL prépare une phase d’expansion articulée autour de 3 axes: assurer un approvisionnement régulier en produits naturels de qualité suivant les standards les plus exigeants des normes «Bio», construire une vraie usine pour la production de l’huile végétale et implanter des relais commerciaux sur les marchés de l’Europe et des Etats-Unis.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 17/03/2018 à 18h17, mis à jour le 17/03/2018 à 18h19