Mauritanie: des élus républicains américains désapprouvent l’accord avec le FMI

Christine Lagarde, directrice générale du FMI et Mohamed Ould Abdel Aziz, président de Mauritanie.

Christine Lagarde, directrice générale du FMI et Mohamed Ould Abdel Aziz, président de Mauritanie.

Le 12/04/2018 à 11h03, mis à jour le 12/04/2018 à 11h06

Des élus du Congrès américain ont adressé une correspondance au FMI, pour faire part de leur opposition à la signature, fin 2017, d’un programme de Facilité élargie de crédit (FEC), en vertu duquel Nouakchott va bénéficier d’un appui de 163,9 millions de dollars sur 3 ans.

Plusieurs membres du Congrès américain ont envoyé une correspondance à Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), pour dénoncer la signature fin 2017, d’un programme de Facilité élargie de crédit (FEC), en vertu duquel Nouakchott va bénéficier d’un appui de 163,9 millions de dollars sur une période de 3 ans, en contrepartie d’une série de réformes macro-économiques touchant à la politique budgétaire, fiscale et monétaire.

Le gouvernement mauritanien a eu droit à un premier décaissement de 23 millions de dollars juste après la signature de l’accord.

Par ailleurs, Christine Lagarde a exprimé, à travers un tweet, la ferme volonté de l’institution financière, qui reste «disposée à continuer son appui visant l’amélioration des conditions de vie des populations mauritaniennes».

Cependant, pour ces élus républicains au nombre de 6, considérés comme proches du président américain, Donald Trump, «compte tenu de la corruption et du bilan désastreux dans le domaine des droits humains» du pouvoir de Nouakchott, le nouvel accord signé avec le FMI «ne va pas contribuer à améliorer les conditions de vie des Mauritaniens».

La certitude des élus américains est fondée sur un rapport de Sherpa de maître William Bourdon, une ONG qui lutte contre les biens mal acquis, et un document de Transparency international, présentant la Mauritanie comme un pays gangrené par la corruption (142e mondial sur 176 pays).

Ces organisations décrivent la situation d’un pays dans lequel «les contrats pétroliers truqués et les pots-de-vin sont une pratique régulière».

Une réalité dont le résultat est «une évaporation des ressources publiques qui annihile toute perspective réelle de développement économique et social, d’amélioration des conditions de vie des populations et du climat des affaires».

Avançant un chiffre pour illustrer le problème relatif à la question des droits humains, les membres du congrès se réfèrent au rapport 2017 de la Centrale intelligence agency (CIA), qui estime «que 20% de la population est réduite à l’esclavage, du fait d’un manque fondamental d’engagement accompagné d’efforts sérieux et soutenus pour combattre l’esclavage héréditaire, avec un pouvoir qui continue à nier l’existence du phénomène».

Cette correspondance apparaît comme l’un des effets collatéraux d’une confrontation dont les protagonistes semblent décidés à aller jusqu’au bout de toutes leurs forces, alors que la presse locale continue à compter les coups.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 12/04/2018 à 11h03, mis à jour le 12/04/2018 à 11h06