la limitation du nombre de mandats présidentiels suscite un débat houleux

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Le 30/03/2016 à 18h49, mis à jour le 30/03/2016 à 18h54

Un débat de plus en plus vif agite la scène politique mauritanienne sur la limitation à deux le nombre de mandats présidentiels. A l’origine, des déclarations de quelques ministres qui tracent la voie d'un troisième mandat au président Ould Abdelaziz.

Les premières banderilles de cette polémique, qui enfle depuis le début de la semaine, sont parties du ministre de l’Economie et des finances, Moctar Ould Diaye et de son collègue de la Justice, maître Brahim Ould Daddah.L’un et l’autre ont déclaré à tour de rôle devant l’Assemblée nationale que les députés ont intérêt à solliciter «un troisième et même un quatrième mandat pour le président de la République» dans l’objectif de lui permettre d’achever son œuvre à la tête de la Mauritanie.Echos similaires de la part de Mohamed Lemine Ould Cheikh, porte parole du gouvernement, qui considère que «l’amendement de la constitution est une demande populaire» (sic). Ce dernier s’exprimait mardi après midi au cours d’une rencontre avec la presse consacrée aux commentaires des résultats des travaux d’une réunion extraordinaire du gouvernement.Ces déclarations fracassantes suscitent une vive réaction de rejet au sein de l’opposition formelle et de diverses autres organisations de la société civile mauritanienne.Illustration avec ce député du Rassemblement nationale pour la réforme et le développement (RNRD-Tawassoul/mouvance islamiste), Mohamed Ghoulam ould El Hadj Cheikh, qui invite le ministre de la justice «à rendre le tablier et à demander pardon au peuple» pour avoir incité le président de la République à engager une réforme attentatoire aux dispositions constitutionnelles.Par ailleurs, plusieurs dizaines de jeunes affiliés au Forum national des organisations nationales de Droits Humains (FONADH-un collectif d’une vingtaine d’ONG) ont manifesté mardi devant le ministère de la Justice pour dénoncer les déclarations du ministre de l’Economie et des finances, et du ministre de la Justice.Le débat sur la limitation du mandat présidentiel en Mauritanie refait surface au moment ou le président Mohamed ould Abdelaziz prépare une tournée dans les populeuses régions de l’Est, considérées historiquement comme un énorme réservoir électoral.Le chef de l’Etat marche ainsi sur les traces du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), principale coalition de l’opposition, qui était sur les mêmes terres il y a une quinzaine de jours.Au cours du prochain voyage, les populations de l’Est pourraient «supplier» Mohamed ould Abdelaziz de faire sauter le verrou de la limitation constitutionnelle du mandat présidentiel.Pendant la prestation de serment précédant l’entrée en fonctions du président de la République islamique de Mauritanie, prévue à l’article 29 de la loi fondamentale, l’élu suprême «jure par Allah l’unique, de ne point prendre ou soutenir, directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives aux conditions de la durée et du renouvellement du mandat du président de la République, prévues aux articles 26 et 28» de la constitution de juillet 1991, modifiée par voie référendaire le 19 juin 2006.Ces différentes dispositions constitutionnelles renvoient à un verrouillage hermétique, selon l’avis concordant de nombreux spécialistes. Mohamed ould Abdel Aziz a pris les commandes du pouvoir le 06 août 2008 à la faveur d’un putsch. Pour légaliser son pouvoir, il a été élu président de la République le 18 juillet 2009 et réélu pour un deuxième mandat le 21 juin 2014.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 30/03/2016 à 18h49, mis à jour le 30/03/2016 à 18h54