Le trafic frontalier (circulation des personnes et des biens) entre le Sénégal et la Gambie ) est confronté à un blocus depuis plusieurs semaines de la part des chauffeurs routiers sénégalais suite à la décision unilatérale des autorités gambiennes de procéder à une forte hausse de la taxe sur les camions empruntant le territoire gambien pour rallier la Casamance, extrême sud du Sénégal. Cette taxe serait ainsi passée d’un coup de 4000 francs CFA à 400.000 francs CFA.Face à cette forte hausse, les syndicats des transporteurs sénégalais ont alors décidé de boycotter la Gambie, complètement encastrée à l’intérieur du territoire national, en empruntant un long détour à travers la région de Tambacounda pour rallier la Casamance, tout en bloquant l’accès à la Gambie.Conséquence de ce blocus, la Gambie est asphyxiée du fait qu’une partie non négligeable de son approvisionnement et de ces exportations sous-régionales passent par le territoire sénégalais. Quant aux transporteurs sénégalais, le long détour les obligent à des coûts supplémentaires liés au carburant et à des pertes de temps.C’est dans ce cadre que semble s’inscrire l’initiative de médiation du président mauritanien dans cette crise. En effet, au cours des dernières semaines, le ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la coopération, Isselkou ould Ahmed Izdbih, s’est successivement rendu à Banjul et à Dakar, porteur de messages du président Mohamed ould Abdel Aziz destinés aux présidents Yaya Jammeh de Gambie et Macky Sall du Sénégal.L’objet de ces missions et le contenu des messages n’ont pas été divulgués. Mais la coïncidence est assez frappante pour susciter des interrogations au sujet d’une éventuelle tentative de rapprochement des points de vue des deux parties.En tout cas, la situation semble évoluer positivement. Au-delà du discours «guerrier» et populiste, l’homme «fort» de Banjul, le président Jammeh semble avoir pris conscience des réalités et des contraintes géographiques et géostratégiques.Ainsi, les taxes sur les camions traversant la Gambie ont été ramenées à leur niveau d’avant le blocus. En plus, le leader gambien a également activé ses réseaux dans divers milieux (politique, sportif, musique, etc.) au Sénégal. D’où la série d’appels en faveur d’une solution du différend notée au cours des derniers jours.Toutefois, face à cette intense activité diplomatique, difficile de deviner les dispositions et les intentions du président sénégalais. Depuis le déclenchement de cette crise, Macky Sall n’a jamais évoqué cette question, gardant toujours son calme légendaire.La Mauritanie aussi souhaite que cette crise se termine rapidement. L’importante communauté mauritanienne résidant en Gambie et qui est obligée d’emprunter la route à travers le territoire sénégalais pour rentrer au pays souffre de cette nouvelle situation, autant que les gambiens et les sénégalais. Autre élément en faveur de la thèse d’une médiation, depuis la grave crise de 1989 avec le Sénégal, la Mauritanie a tissé de bonnes relations avec les «petits» pays entourant celui-ci (Gambie et Guinée Bissau).
Le 02/05/2016 à 18h02