L’opposition mauritanienne marche pour dire non à un 3e mandat

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Le 07/05/2016 à 12h07

Après les meetings populaires dans les différentes régions du pays, l’opposition mauritanienne parie sur la rue. Une manifestation est prévue aujourd’hui pour dire non à toute modification de la constitution tendant à accorder un troisième mandat à Mohamed ould Abdelaziz.

Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) organise aujourd’hui à Nouakchott une marche de protestation contre la perspective d’un troisième mandat pour le président Mohamed Ould Abdel Aziz.Cette coalition composée de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes marchera sous le slogan «non à la prorogation des mandats, non à la clique des prédateurs et non au transfert de pouvoir».Dans son timing, l’organisation de la marche du samedi 07 avril apparaît comme une réponse du berger à la bergère. Elle intervient quelques jours après une déclaration du président Mohamed Ould Abdel Aziz annonçant la tenue d’un dialogue politique au cours duquel le pouvoir entend proposer une consultation référendaire visant la suppression du sénat et la création de Conseils régionaux.Celle-ci a été faite au cours d’un rassemblement populaire qui s’est déroulé dans la ville de Néma (1200 kilomètres au Sud-Est de Nouakchott), mardi dernier.Au-delà de cette proposition, l’opposition soupçonne «une stratégie non encore avouée de confiscation du pouvoir».En Mauritanie, les articles 26, 28, 29 et 99 de la constitution de juillet 1991, modifiée par voie référendaire le 19 juin 2006, ferment hermétiquement la porte la question d’une révision constitutionnelle sur l’intégrité du territoire nationale, la forme républicaine de l’Etat, le pluralisme politique et la durée et le nombre de mandats du président de la République, limités à deux.Mais au-delà de la clarté des dispositions constitutionnelles, et à 3 années de la fin du mandat présidentiel en cours, la question existentielle pour le FNDU et l’opposition mauritanienne en général, désormais à la croisée des chemins, porte sur sa capacité à créer les conditions d’émergence d’un nouveau leadership pour dire non pacifiquement et démocratiquement «aux desseins» qu’elle prête au pouvoir en place.Cette capacité apparaît une condition incontournable dans la perspective d’une hypothétique alternance en 2019, dans le cas où Mohamed Ould Abdel Aziz accepterait «sagement et démocratiquement» de quitter ses fonctions.Dans le cas mauritanien, la contestation par la rue est toujours restée à l’état d’une action sporadique et passagère, non intégrée dans les habitudes et la culture» des populations. C’est pour cette raison qu’elle apparaît comme un pari risqué.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 07/05/2016 à 12h07