Le président Aziz relance le «débat» sur la cohabitation

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Le 06/06/2016 à 17h07, mis à jour le 06/06/2016 à 17h33

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, est revenu sur une polémique au sujet de la cohabitation communautaire dans le pays, qui a servi de toile de fond au débat national pendant le mois de mai.

«Je vous invite tous à œuvrer, au cours des journées peu nombreuses du Ramadan, à l'ancrage de la fraternité et de l'entraide, en application des enseignements de notre sainte religion l'islam, mais aussi à la consolidation de notre unité nationale face aux appels des partisans de la ségrégation et du clanisme.J'apprécie à leur juste valeur les efforts que déploient nos Ouléma et jurisconsultes et les invite à s'investir davantage dans la promotion des valeurs de tolérance, de solidarité sociale, à faire preuve de sagesse et à user de bons sermons pour faire obstacle aux partisans de l'extrémisme». Dixit Mohamed ould Abdelaziz. A travers ces deux phrases, prononcées dans son discours de vœux à l’occasion du début du mois de Ramadan, le président mauritanien en a profité pour régler des comptes avec certains dirigeants politiques et des médias qui l’ont beaucoup titillé depuis son discours de Néma.Pour rappel, dans ce discours néo-malthusien, dans un pays vaste de plus de 1,08 milion de km2 et peuplé de seulement 3,5 millions d’habitants, le chef de l’Etat mauritanien avait expliqué la misère et le manque d’éducation d’une partie de ses compatriotes par leur propension à faire trop d’enfants.Si le président n’a pas précisé l’identité de la communauté ciblée par ses propos, pour les ONG antiesclavagistes et les partis de l’opposition, il ne faisait point de doute que c’est la communauté «Haratine» qui était principalement ciblée. Du coup, les uns et les autres condamnèrent fermement un discours «de nature à porter atteinte à l’unité nationale», allant même jusqu’à exiger de Ould Abdel Aziz la présentation d’excuses publiques.Quelques jours après, c’est un rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies (ONU) sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme en Mauritanie, rendu public le 10 mai dernier, qui met en exergue «les inégalités politiques, économiques et sociales» en Mauritanie.Fruit d’une mission d’une dizaine de jours dans le pays de l’expert onusien en la matière, ce rapport revient surtout sur les inégalités sociales entre les différentes composantes du pays et la marginalisation de certaines couches de la population du pays.Le contenu de ce rapport a été bien évidemment rejeté par le gouvernement mauritanien, jugeant que celui-ci reproduit uniquement le point de vue de milieux «connus pour leur hostilité» à la Mauritanie. Toutefois, le mal a été fait.Ainsi, les vœux du président à l’occasion du début du mois de Ramadan sonnent surtout comme une réponse à ses très nombreux détracteurs.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 06/06/2016 à 17h07, mis à jour le 06/06/2016 à 17h33