Quatorze chefs d'Etat arabes ont boudé le 27e sommet de la Ligue arabe qui se tient les 25 et 26 juillet dans la capitale mauritanienne Nouakchott. Parmi les absents figurent tous les tenors que compte le monde arabe dont les rois d'Arabie saoudite, du Maroc, de la Jordanie et le raïs égyptien. Même le président palestinien n’a pas fait le déplacement.
Les seules délégations au niveau le plus élevé, arrivées dans la capitale mauritanienne, sont conduites par l’émir de l’Etat du Koweït, Cheikh Salah Al Hamid Al Jaber Sabah, l’émir de l’Etat du Qatar, Temim Ben Hamed Al Thani, le chef de l’Etat du Soudan, Omar El Béchir, les présidents de la république des Comores, Azali Assoumani, de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh et du Tchad, Idriss Deby Itno. Ce dernier est invité en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine.
Ce nombre de représentations au plus haut niveau est diversement apprécié dans la capitale mauritanienne.
Pendant que les autorités semblent s’en satisfaire et l’objectif atteint pour le président Ould Abdelaziz, les observateurs le jugent «trop faible» et nettement en-dessous des normes habituelles des sommets arabes.
En fait, l’absence de nombreux souverains et chefs d’Etats au sommet de Nouakchott n’est pas considérée comme «une surprise», à l’exception notable du chef d’Etat égyptien, Abdel Fettah Al Sissi, dont la présence était annoncée en grande pompe, mais qui a finalement délégué son Chef du gouvernement, Chérif Ismael.
Comment expliquer ces absences? D’abord, le désistement du Maroc de l’organisation -du fait de la crise que traverse le monde arabe qui hypothèque tout résultat positif d’une réunion au sommet des chefs d’Etat- semble davantage se justifier au vu du nombre de dirigeants arabes absents. Aujourd’hui, il est clair qu’aucun résultat tangible ne peut être enregistré dans un monde arabe divisé et miné par des guerres. Le moment n’était pas opportun pour réunir le gotha arabe trop divisé.
Ensuite il y a les problèmes sécuritaires au niveau de la région du Sahel. D’ailleurs, le raïs égyptien, qui devait venir accompagné de quelque 140 hommes pour sa propre sécurité, a finalement préféré se désister à la dernière minute après avoir confirmé sa présence la veille, et ce au grand dam des autorités mauritaniennes.
Les craintes d’attentats sont prises au sérieux même si la Mauritanie est jusqu'ici épargnée d’actes terroristes depuis plus de 5 ans. Toutefois, certains dirigeants arabes pourraient constituer des cibles idéales pour certains groupes terroristes surtout que la Mauritanie est un maillon faible comparativement aux autres pays arabes de la région en matière de sécurité.
En outre, certains ont souligné le risque sanitaire et l'absence d'infrastructures correctes pour justifier leur absence à Nouakchott. C’est le cas des Libanais dont la délégation a préféré passer la nuit au Maroc et ne séjourner à Nouakchott que pour les séances plénières du sommet. Toutefois, cet argument qui a irrité les Mauritaniens ne fait pas l’unanimité sachant que des rois et des chefs de gouvernement sont présents en Mauritanie.
Pour d'autres, les absences des dirigeants saoudiens et émiratis qui ont financé le sommet s'expliquent pour des considérations exprimées à l'allié marocain que l'on ne souhaite pas froisser. Le Maroc ayant décliné l'organisation du 27e Sommet arguant de l'absence de facteurs pour sa réussite.
Dans ces conditions, la rencontre de Nouakchott, qualifiée de «Sommet de l’Espoir», et qui intervient dans un contexte marqué par des conflits et des défis sécuritaires majeurs, notamment la propagation à grande échelle des mouvements terroristes et de profondes divisions entre les Etats membres de la Ligue arabe, ne peut rien produire de concret.
Du coup, on se contentera des habituelles déclarations de circonstance et des soutiens aux Palestinens et des condamnations de pays comme l'Iran.
Enfin, s’il y a satisfaction, il faut la chercher du côté des dirigeants mauritaniens. Face à une opposition grandissante, le président mauritanien, après avoir dirigé l’Union africaine, tient à ce sommet pour marquer les esprits en mettant l'accent sur la renaissance de sa diplomatie. Seulement, avec un sommet qui se présente comme un fiasco, la pilule risque d'être amère.