Mauritanie: l’UFP dresse un tableau sombre d’une crise multidimensionnelle

Mohamed ould Maouloud, président de l'UFP, et quelques cadres du parti.

Mohamed ould Maouloud, président de l'UFP, et quelques cadres du parti.. DR

Le 10/08/2016 à 14h47, mis à jour le 10/08/2016 à 16h24

Crise identitaire, situation sociale délétère, corruption, détournement des deniers publics et dégradation de plusieurs services publics, renvoient la réalité d’une crise multidimensionnelle. L’Union des forces de progrès (UFP) dresse un tableau peu reluisant de la situation en Mauritanie.

Le diagnostic établi par l’Union des forces de progrès (UFP), un parti de l’opposition historique, membre du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), à l’occasion d’une session ordinaire de son bureau exécutif tenu les 05 et 06 août dernier, est sans équivoque.

Cette formation note avec inquiétude «la cherté de la vie, la chute du pouvoir d’achat, la hausse considérable du chômage en particulier celui des jeunes, la spoliation des terres, l’exode massif des populations rurales vers les grandes villes, l’explosion de la criminalité, la compression massive des travailleurs, etc.». Autant de acteurs qui accroissent le malaise et les tensons sociales.

Par ailleurs, ces facteurs «sont aggravés par les tracasseries d’une administration caractérisée par une grande incurie, à l’image de l’Agence nationale des populations et des titres sécurisés (ANPTS), qui se joue au quotidien du sort et des droits des citoyens à travers une gestion privée, chaotique et opaque».

Cette agence chargée de la délivrance de tous les actes d’état civil (y compris les passeports) fait l’objet de dénonciations régulières de la part de nombreux Mauritaniens de l’intérieur et de la diaspora.

Ceux-ci évoquent notamment une absence de règles écrites et claires, pour l’état des dits actes, qui dénote d’une volonté d’exclusion de certaines catégories de la population mauritanienne.

Ce parti de la gauche historique déplore également la multiplication depuis quelques semaines «de scandales de corruption, détournement et mauvaise gestion qui n’épargnent aucun secteur de l’Etat». Dernier en date, celui de la Sonimex avec un détournement qui avoisine, selon les dernières informations, les 16.000 tonnes d'engrais. 

Ainsi, contrairement aux prétentions du pouvoir, ces faits «mettent à nu la gestion désastreuse des ressources nationales». Un sentiment renforcé par l’organisation du 27e sommet arabe, le 25 juillet dernier. Un événement précédé par «l’attribution dans l’opacité d’importants marchés de l’E tat suivant la procédure du gré à gré».

Tension identitaire

Le document du bureau exécutif de l’UFP relève ensuite le repli identitaire et les tensions communautaires «qui sont la conséquence de la politique de manipulation du régime à travers la gestion chauvine et discriminatoire des questions de l’éducation, de l’emploi, de l’administration, des médias d’une part, et des discours qui incitent à la haine et poussent à la confrontation raciale, ethnique ou tribale».

Le tour d’horizon sombre du document fleuve de l’UFP se poursuit avec la mise en évidence «de la dégradation de l’enseignement, le recul des libertés collectives et individuelles avec les répressions des manifestations pacifiques, la pratique de la torture dans les prisons, les parodies de procès…».

A ce titre, il faut souligne que plusieurs militants antiesclavagistes, arrêtés début juillet, comparaissent devant la justice mauritanienne depuis le 03 août dernier.

Enfin, pour stopper cette course démente de tout un pays vers l’abime, l’UFP encourage les efforts du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) visant à créer les conditions «d’un dialogue sérieux avec le pouvoir, en vue d’ouvrir la voie à l’alternance démocratique», seule à même de redresser la barre. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 10/08/2016 à 14h47, mis à jour le 10/08/2016 à 16h24