«L’opposition ne m’empêche pas de dormir», dixit Mohamed ould Abdelaziz, président mauritanien répondant à une question d’un média français. Outre la faible influence de l’opposition sur les Mauritaniens de plus en plus préoccupés par leur quotidien que la chose politique, ould Abdelaziz sait qu’il peut compter sur la grande muette dont il a confectionné la hiérarchie.
Ainsi, selon "La lettre du continent", «le chef de l’Etat mauritanien a construit, au cours des dernières années, une galaxie sécuritaire et politique autour d’une poignée de fidèles dont le pilier central est le général de division Mohamed ould Ghazouani, chef d’état-major général des armées (CEMGA)».
"La lettre du continent", une publication paraissant en France, «spécialisée» dans la «chasse» aux informations «exclusives», se dit très au fait de tout ce qui touche aux rapports entre l’Hexagone et ses anciennes colonies d’Afrique.
Mohamed ould Abdel Aziz, commence-t-on par y rappeler, est arrivé au pouvoir le 6 août 2008, à la faveur d’un putsch militaire. Puis «La Lettre du Continent» présente «la galaxie sécuritaire et politique» du président mauritanien.
Quelques semaines après les critiques acerbes de ce dernier, vis-à-vis de l’action de la France en Syrie, les commentaires ont une saveur toute particulière. Jugeant que la multiplication des attentats, en France, est «la résultante de la déstabilisation de ce pays du Moyen-Orient», Ould Abdel Aziz ne s’était pas plus gêné à affirmer que «les révolutions arabes ont des effets néfastes sur la sécurité du monde». Venant d’un «allié», ces positions auraient irrité certains milieux à Paris. Pour éteindre le feu, le président mauritanien a dépêché son bras droit, le général Ghazouani, dans la capitale française.
Ce militaire, promotionnaire d’Ould Abdel Aziz à l’académie royale de Meknès (Maroc), est aussi un de ses amis personnels, depuis plus de 36 ans. La Lettre du Continent écrit : «il est proche du patron de la DGSE, Bernard Bajolet». Considéré comme l’alter-ego du chef de l’Etat mauritanien, il est «le véritable artisan du putsch du 3 août 2005» qui renversa le régime de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, aux commandes durant 21 ans.
A Nouakchott, nombre d’observateurs considèrent le général Ghazouani comme «l’homme de confiance des Français». Issu des Ideyboussat, un ensemble tribal maraboutique de l’Est de la Mauritanie, il est présenté comme «un officier conciliant et calme» qui passe sans faire de vagues. «Un caractère hérité de son éducation de fils de cheikh», ajoute un commentateur avisé.
La galaxie présidentielle comprend d'autres fidèles dont Ahmed ould Bah, dit Hmeïda, un ex-paraboliste devenu conseiller en sécurité à la présidence et oreille du patron, en ce sens qu’il gère les écoutes téléphoniques et surveille Internet, le général Mohamed ould Meguet, directeur général de la sûreté nationale (DGSN), Sidi Baba ould Hacen, directeur général de la sûreté extérieure (DGSE) et Mohamed Vall ould Mayouf, commandant du Bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP) et de quelques autres unités d’élite.