Après maints reports et de multiples hésitations, la mouvance présidentielle et une partie de l’opposition dite modérée ont engagée un nouveau «dialogue national inclusif» qui a toutes les formes du remake d’une concertation organisée en septembre/octobre 2011.
Le coup d’envoi de ce forum a été donné jeudi soir au Centre international des conférences de Nouakchott (CICN-Palais des Congrès), en présence du président Mohamed ould Abdel Aziz, des membres du gouvernement, des leaders de plusieurs partis politiques et des représentants d'organisations de la société civile.
Au menu de cette concertation, les défis politiques, économiques et sociaux nationaux, dans un pays en crise, selon les avis concordants de nombreux observateurs.
Les questions à débattre portent sur «la suppression du Sénat et la création de conseils régionaux, l’organisation d’élections législatives et municipales anticipées avec une perspective d’adoption du système proportionnel intégral, la révision du Code électoral pour le rendre consensuel, la révision de la loi relative aux partis politiques et à leur financement,…».
De même, les participants à ce forum qui se tient du 29 septembre au 10 octobre, vont également mener une réflexion «sur les perspectives de renforcement de l’Etat de droit, la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice, la révision de la composition du Conseil constitutionnel, entre autres».
Seront aussi abordés au cours des travaux «tous les problèmes liés à la gestion des affaires publiques, à la gouvernance économique, aux questions foncières et à la préservation d’un environnement sain et durable».
La cérémonie de démarrage de ces concertations a été marquée par une série d’allocutions des leaders de partis politiques. Dernier à prendre la parole, le président Mohamed ould Abdel Aziz a invité les participants «à une réflexion profonde dans l’objectif d’aboutir à des conclusions et recommandations allant dans le sens des intérêts supérieurs du peuple mauritanien».
Impliquée dans la concertation de septembre-octobre 2011, la Coalition pour une alternance pacifique et démocratique (CUPAD), composée de l’Alliance populaire progressiste (APP), El Wiam et Sawab, classée dans la mouvance de l’opposition dite modérée, participe à l’édition 2016.
Au-delà de la cérémonie protocolaire et des formules convenues, l’usage de l’adjectif «inclusif» pour désigner ces assises paraît «galvaudé et extraverti» aux yeux de nombreux observateurs avertis qui considèrent ce dialogue comme une pièce de théâtre avec les mêmes acteurs que la précédente.
En effet, ces Assises 2016 sont boycottées par le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), principal parti de l’opposition mauritanienne. Cette formation se dit favorable à «un dialogue sérieux et inclusif dont l’objectif est de résoudre les vrais problèmes du pays, mais pas des mascarades par lesquelles on cherche à trouver des solutions aux problèmes d’un régime ou ceux d’un homme».
Même son de cloche au sein du Forum national pour l’unité et la démocratie (FNDU) dont les partis les plus en vue, notamment l’Union des forces du progrès (UFP) et les islamistes modérés du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD-Tawassoul), ont adopté la même démarche. Même attitude de la part de nombreuses personnalités indépendantes membres du FNDU.
Ces partis nourrissent la crainte d’une volonté du pouvoir visant la modification des dispositions constitutionnelles relatives à la limitation à deux le nombre de mandats du président de la république.
Arrivé au pouvoir à la faveur d’un putsch perpétré le 6 août 2008, Mohamed ould Abdel Aziz a été élu 2 fois président de la république le 18 juillet 2009 et le 21 juin 2014.
En Mauritanie, les dispositions relatives à la limitation des mandats sont érigées au rang de clauses d’éternité et ne peuvent faire l’objet d’aucune modification.