Le dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition modérée, lancé le 29 septembre se poursuit. Toutefois, tout le monde est concentré sur les réformes constitutionnelles souhaitées par le pouvoir.
Au-delà de la disparition souhaitée du Sénat par le président ould Abdelaziz, le dialogue est scruté par l’opposition boycottiste qui croit dur comme fer que tout ce dialogue n’a qu’un seul objectif : maintenir ould Abdelaziz à la tête de la Mauritanie après ses deux mandats constitutionnellement autorisés.
Et les signes ne trompent pas pour l’opposition. Ainsi, d’après elle, l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité, a commencé à abattre ses cartes en se démultipliant en une centaine de partis politiques, annexes syndicales et ONG pour imposer le poids du nombre et réclamer des réformes constitutionnelles permettant au président Mohamed Ould Abdel Aziz de se maintenir au pouvoir à l’expiration de son ultime mandat en 2019.
Toutefois, la porte de la modification des dispositions constitutionnelles relatives à la limitation à deux du nombre de mandats du président de la République étant impossible à forcer en droit, les partisans du pouvoir auraient imaginé une formule de «tripatouillage» constitutionnelle portant sur la création d’un poste de vice-président, dont le titulaire serait désormais doté de l’essentiel des pouvoirs d’Etat.
«Une vice-présidence taillée sur mesure. C’est là, le cœur du tripatouillage en cours. Un président caché derrière une vice-présidence taillée sur mesure», se désole un opposant.
Un scénario qui rappelle étrangement celui imaginé par Poutine à l’expiration de son second mandat à la tête de la Russie en laissant le fauteuil présidentiel à Dimitri Medvedev. En clair, avec la création imaginée de ce poste, le président, à l’expiration de son mandat va soutenir un de ses plus fidèles amis qui briguera facilement la présidence et continuera ainsi à tirer les ficelles du pouvoir en s’appuyant bien évidemment sur la grande muette (l’armée) dont il est issu, et le tour est joué.
Face à cette situation, l’opposition RFD/FNDU et diverses organisations de la société civile appellent à la formation d’un nouveau front pour dire non «aux tripatouillages constitutionnelles».
Rappelons que le dialogue est boycotté par l’essentiel de l’opposition : le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU).