Mauritanie: les changements des symboles du pays critiqués

Ahmed ould Abdallah, ancien SG adjoint de l'ONU.

Ahmed ould Abdallah, ancien SG adjoint de l'ONU. . DR

Le 27/10/2016 à 17h37, mis à jour le 27/10/2016 à 18h13

De nombreux mauritaniens sont opposés aux changements proposés par le parti au pouvoir et relatifs aux symboles du pays. Ahmedou ould Abdellah, ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU, considéré comme un des sages du pays, souligne son aussi son opposition.

Le changement du drapeau mauritanien avec l’ajout de deux bandes rouges, en haut et en bas du drapeau actuel, et la modification des passages de l’hymne national, deux points sur lesquels les partis participants au dialogue politique ont planché, sont loin de faire l’unanimité chez les Mauritaniens. De nombreuses voix s’élèvent contre ces changements.

Parmi les plus audibles, il y a celle de Ahmedou Ould Abdallah, ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères et haut fonctionnaire à la retraite de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et, qui a à son actif la gestion de plusieurs guerres civiles et crises sécuritaires en Afrique au cours des 30 dernières années. Auteu d'un livre sur la crise burundaise, l'homme, considéré comme l’un des rares sages actuels du pays, critique les conclusions du Dialogue national inclusif, organisé en Mauritanie du 29 septembre au 20 octobre 2016.

Dans un entretien avec le site d’infos en ligne rmibiladi.com, il fustige la partie des conclusions de la concertation relative au changement des symboles nationaux (hymne et drapeau), estimant «que la priorité, aujourd’hui est d’arrêter au plus vite, la spirale suicidaire qui nous entraîne vers une catastrophe» à la fois au niveau national et sous-régional.

«Face aux difficultés quotidiennes rencontrées par les citoyens, aux défis sécuritaires qui s’accumulent, aux immenses besoins nationaux, les priorités sont connues», estime l’ex SG Adjoint de l’ONU.

Ahmedou Ould Abdallah affirme que «les dépenses doivent être affectées au renforcement des institutions de lutte contre le chômage, en particulier celui des jeunes, à l’éducation technique, à la santé publique, à l’urbanisation de la capitale qui concentre 30% de la population, à la lutte contre la corruption, au soutien à la compétitivité de nos hommes d’affaires en Afrique de l’ouest, au soutien au port de Nouakchott et à la construction d’infrastructures routières vers ces pays pour permettre l’accès à leurs marchés».

Autant de défis à relever qui font que ould Abdallah affirme ne pas comprendre «l’incompétence et l’irresponsabilité» des gouvernants, l’attitude du président Mohamed ould Abdel Aziz «qui se laisse fourvoyer dans un exercice» aux antipodes des préoccupations de ses compatriotes.

Pour lui, «les symboles de l’Etat font partie de son identité à laquelle sont attachés les peuples», et s’ingénier à vouloir les modifier n’est nullement une priorité. Partant, «il faut tout faire pour éviter le ridicule avec des faux débats d’un autre temps. Ceux qui consistent à changer les emblèmes nationaux, les nom de famille, de pays ou le transfert de la capitale, etc.».

Enfin, le sage mauritanien fait un rappel historique qui sonne comme une véritable mise en garde. «On l’a vu avec le Maréchal Mobutu et le colonel Mouammar El Kadhafi, dont les drapeaux n’ont pas survécu leur règne».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 27/10/2016 à 17h37, mis à jour le 27/10/2016 à 18h13