Mauritanie: l’opposition annonce un boycott du référendum constitutionnel

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Le 29/11/2016 à 16h35

L’opposition mauritanienne a annoncé aujourd’hui le boycott du référendum constitutionnel programmé par le pouvoir. Elle reproche à ce dernier de n’avoir pris en considération que les propositions du parti au pouvoir et délaissé les véritables et nombreux maux de la Mauritanie.

Les responsables des partis de l’opposition mauritanienne, qu'il s'agisse de ceux regroupés au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), ou du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et l’Union nationale pour l’alternance démocratique (UNAD), ont annoncé le boycott du prochain référendum en Mauritanie. Cette décision a été révélée ce mardi 29 novembre au cours d’une conférence de presse conjointe.

Ce référendum est prévu début 2017. Il vise à faire approuver plusieurs décisions prises lors du dialogue politique, lui-même boycotté par l’écrasante majorité des partis de l'opposition. Ainsi, les Mauritaniens sont appelés, entre autres, à donner leur avis sur la suppression du Sénat et de certaines institutions, la création de conseils régionaux et le changement des symboles de l’Etat (drapeau et hymne national).

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Justifiant la décision de l’opposition, Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, président en exercice du FNDU-collectif de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes, a expliqué que «les amendements proposés ne sont pas le fruit d’un véritable dialogue, car ils se limitent à ceux annoncés à Néma par le président Mohamed Ould Abdel Aziz et aux propositions de son parti au cours d’un dialogue unilatéral que le pouvoir a organisé dans une atmosphère carnavalesque, excluant tout débat politique constructif. En plus de cela, les réformes proposées ne revêtent aucun caractère d’urgence et n’apportent aucune solution aux problèmes de fonds de la Mauritanie, lesquels portent sur la non neutralité d’un Etat pris en otage par un pouvoir contre tous les acteurs politiques».

Ainsi, selon l’opposition mauritanienne, au rang des questions fondamentales zappées par le dialogue 2016, le président en exercice du FNDU ajoute d’autres maux dont souffre la société mauritanienne : «l’esclavage et ses séquelles sur l’unité nationale, le non règlement du passif humanitaire des années 1990, etc.».

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Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et leader historique de l'opposition, relève que «le changement de drapeau et la réhabilitation de la résistance ne sont qu’une nouvelle manœuvre démagogique du pouvoir après la faillite du slogan de la lutte contre la gabegie depuis que les Mauritaniens ont pris la mesure de l’incurie et du pillage qui caractérisent l’action d’un pouvoir dont le chef s’obstine, en violation de la loi, à refuser de publier sa déclaration de patrimoine et tous les biens accumulés depuis son arrivée au pouvoir».

L’opposition mauritanienne déclinera ultérieurement un agenda des actions pacifiques et légales pour faire échec à la campagne référendaire du pouvoir.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 29/11/2016 à 16h35