Retour à la case départ pour Mohamed Ould Abdel Aziz. Après que l'Assemblée nationale ait adopté les réformes constitutionnelles que le président mauritanien avait proposées, voilà que le Sénat les rejette à une forte majorité. Ce vote a livré ses résultats vendredi soir peu avant minuit. La chambre haute avait entamé les débats en commission lundi dernier. Un processus marqué par des pressions, des rebondissements et les prestations des élus estampillés proches de l’opposition, pourtant peu nombreux au sein de cette instance du pouvoir législatif.
Les réformes constitutionnelles rejetées par les sages portent sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, le changement des symboles nationaux (drapeau et hymne), la suppression de la Haute Cour de Justice (HCJ) et du Haut Conseil Islamique (HCI).
Il faut préciser qu'en Mauritanie les organes législatifs sont habitués à suivre au doigt et à l'oeil un pouvoir exécutif dont le chef est toujours un militaire recyclé dans la politique depuis 1991.
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Ainsi, le refus des sénateurs apparaît comme un véritable coup de tonnerre dans le ciel politique national. Plusieurs centaines de véhicules et une foule immense ont envahi le centre ville de Nouakchott, notamment les environs immédiats de l’Assemblée nationale, du siège de la Communauté urbaine et du Racing-Club, après le vote négatif des sénateurs.
Ces manifestants exprimaient leur joie en brandissant la bannière nationale, un drapeau de couleur verte, avec une étoile jaune à 5 branches, au dessus d’un croissant jaune horizontal, adopté en 1958.
Engagée dans une campagne active contre les réformes constitutionnelles, l’opposition regroupée au sein du Rassemblement des Forces Démocratique (RFD), l’Union nationale pour une alternance démocratique (UNAD) et le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), avait appelé les sénateurs à voter non.
Ces réformes constitutionnelles ont été approuvées par l’Assemblée nationale à une écrasante majorité le jeudi 9 mars dernier.
Après la claque magistrale et inattendue de vendredi soir, le texte des réformes constitutionnelles va revenir en deuxième lecture devant les députés.