Depuis le rejet des réformes controversées de Mohamed Ould Abdel Aziz, l'opposition est aux anges et ne s'en cache pas. Tel est le cas du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), composé de partis politiques, d'organisations de la société civile, de centrales syndicales et de personnalités indépendantes ou encore celui du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et de l’ancien chef de l’Etat sous la transition 2005/2007, Ely Ould Mohamed Vall.
Le FNDU salue «le rejet massif d’une mascarade, malgré les pressions, menaces et tentatives de corruption». Ajoutant qu'il s'agit d'un vote dicté par la conscience des intérêts du pays. Pour sa part, le RFD apprécie le vote négatif des sénateurs «comme une victoire contre la tyrannie et félicite ces élus et l’ensemble des forces vives de la Nation» tout en invitant les Mauritaniens «à resserrer davantage les rangs, afin de mettre en échec par tous les moyens disponibles, l’aventure aux conséquences incalculables vers laquelle le régime mène le pays».
Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de l’Etat demande «à ce que soit gravé en lettres d'or sur la coupole du sénat, les noms de ceux qui ont rejeté ce projet de modifications constitutionnelles, initié par un régime qui n’a même pas la légitimité requise pour gérer les affaires courantes, et qui comporte un risque d’enlisement et d’effondrement des institutions».
Quant à Samba Thiam, leader des Forces progressistes pour le changement (FPC), il estime que «les sénateurs ont pris leur courage à deux mains».
Hors du champ politique classique, Mohamed Lemine Ould Dahi, professeur de droit constitutionnel, ex-directeur de cabinet du chef de l’Etat, présenté comme l’un des principaux rédacteurs de l’actuelle loi fondamentale, estime que «le président de la République doit assumer toute la responsabilité et démissionner, parce que c’est lui qui a proposé le texte et convaincu l’Assemblée nationale pour son approbation».
Le projet de modifications constitutionnelles a été approuvé par les députés à une écrasante majorité le 9 mars dernier.
Celles-ci portent sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, la révision des symboles nationaux (drapeau et hymne), la disparition de la Haute cour de justice (HCJ) compétente pour juger les crimes de haute trahison commis par le président de la République, et du Haut conseil islamique (HCI)...