le président mobilise ses troupes dans la perspective du référendum

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Le 26/03/2017 à 17h39, mis à jour le 26/03/2017 à 17h49

Aprés l'annonce de l'organisation d'un référendum pour des réformes constitutionnelles, le président mauritanien entame une pré campagne pour la mobilisation de ses troupes. Un exercice à hauts risque dans le contexte d'un pays en profonde crise.

Après avoir annoncé mercredi dernier, la tenue d’un référendum constitutionnel sur la base d’un article 38 de la loi fondamentale fortement contesté, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, mobilise ses troupes.

Il a entamé pied au plancher une précampagne référendaire, indiquent plusieurs sources concordantes.

Ainsi, au lendemain de sa sortie médiatique, Mohamed Ould Abdel Aziz a reçu longuement en audience le premier Ministre, Yahya Old Hademine, et le président de l’Union pour la république (UPR, principal parti de la majorité), maître Sidi Mohamed Ould Maham.

Une rencontre au cours de laquelle le chef de l’Etat a tenu un discours clair : «il est temps que la majorité resserre les rangs et retrouve son unité pour aller vers la grande bataille qui se profile à l’horizon. Les membres du gouvernement, les principaux responsables de l’UPR et tous les élus sous la bannière du parti, doivent descendre à la base pour sensibiliser les populations sur l’importance des réformes constitutionnelles».

Après ce discours très offensif du chef de l’Etat, certains membres du gouvernement ont entamé le travail demandé au niveau de la base.

Illustration, avec ce grand rassemblement du département de Kaédi (vallée du fleuve) réunissant plusieurs centaines de convives (voir un millier) samedi soir au domicile de Mme Bâ Coumba, ministre de la Fonction publique et responsable UPR.

Rencontre à l’occasion de laquelle a été transmis le message et le mot d’ordre de la mobilisation pour une victoire éclatante du «OUI» au prochain référendum.

D’autres membres du gouvernement suivront la même démarche au cours des prochains jours.

Reste alors à savoir comment un tel message sera reçu par des populations confrontées à un quotidien de plus difficile. Des problèmes qui se posent en termes de persistance de la pauvreté, détérioration du pouvoir d’achat (avec les prix des denrées de base en constante hausse….) et auxquelles on propose un changement de drapeau et d’hymne nationale à la place de l’indispensable pain. «Un choix très peu pertinent et sans incidence sur notre vie» commente ce militant de l’UPR.

Rencontré dimanche par «le360 Afrique» un député issu de la majorité, qui a requis l’anonymat, réprouve l’attitude du président de la République qui devrait renoncer au projet de réformes constitutionnelles après «le camouflet» subi devant un sénat majoritairement issu de son camp.

Ce raisonnement montre clairement que le retour à de meilleurs sentiments des «brebis galeuses» d’une chambre haute, destinée à la suppression n’est pas acquis.

Pire, certains députés ayant voté «OUI» pour les réformes constitutionnelles du 09 mars dernier seraient tentés par une novelle fronde, car ils ne veulent plus suivre les ordres du chef au doigt levé.

Les réformes constitutionnelles proposées par le régime mauritanien comportent la suppression du sénat, la création de conseils régionaux, le changement des symboles nationaux (drapeau et hymne), la suppression de la Haute Cour de Justice (HCJ) et du Conseil Islamique (HCI). Des réformes très éloignées des besoins du peuple confronté à des réalités de la vie (inflation, chômage, insécurité, corruption, etc.).

L’ancien commandant en chef du Bataillon de sécurité présidentielle (BASEP), devenu président, qui affiche la certitude d’un tireur d’élite, pour avoir réussi deux putschs entre 2005 et 2008, aurait-il engagé la bataille politique de trop?

Wait and see.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 26/03/2017 à 17h39, mis à jour le 26/03/2017 à 17h49