Mauritanie: pourquoi Aziz "se sépare" de son homme de confiance?

Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ex-Prremier ministre et ex-Secrétaire général à la présidence et homme de confiance de Mohamed ould Abdel Aziz.

Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ex-Prremier ministre et ex-Secrétaire général à la présidence et homme de confiance de Mohamed ould Abdel Aziz.. DR

Le 29/05/2017 à 20h29, mis à jour le 29/05/2017 à 21h34

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a légèrement remanié ce lundi son gouvernement. Le fait marquant de cette redistribution des rôles est le départ de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ministre, secrétaire général de la présidence, ex-Premier ministre et homme de confiance du président.

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdoul Aziz, a procédé à un léger remaniement de son gouvernement, selon un décret rendu public lundi 29 mai.

Le fait marquant de ce changement est le départ de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, considéré comme l’un des piliers du cercle des hommes du président, qui quitte le très stratégique poste de ministre, secrétaire général de la présidence de la République.

Il est remplacé à ce poste par Seydina Ali Ould Mohamed Khouna, qui occupait le siège de ministre de l’Equipement et des transports.

Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, ex-ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, qui a dirigé la Société nationale industrielle et minière (SNIM) pendant plusieurs années, le remplace au département de l’Equipement et des transports.

Seule entrée dans cette espèce de petit jeu de chaises musicales, Yahya Ould Abdel Daim, ex-directeur au ministère de l’Economie et des finances, hérite du département de l’Hydraulique et de l’assainissement.

Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a été Premier ministre du gouvernement mauritanien d’août 2008 à janvier 2014.

Son départ de la présidence intervient sur fond de campagne référendaire pour une révision constitutionnelle, avec à l’horizon un scrutin prévu le 15 juillet prochain.

Dans la perspective de réalisation de ce projet, visant notamment la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux et le changement des symboles nationaux (drapeau et hymne), le président Mohamed Ould Abdel Aziz rencontre d’énormes difficultés liées notamment à un recours très contesté à l’article 38 de la Constitution du 20 juillet 1991.

Invité par le360 Afrique à livrer son décryptage de ce changement, notammebr concernant le départ du ministre, secrétaire général de la présidence de la République, Moussa Ould Hamed, ex-directeur général de l’Agence mauritanienne d’information (AM) est resté très réservé sur cette éviction: «tout dépendra de ce qui va se passer après. S’il a été débarqué sans suite, ce serait renversant, une disgrâce plutôt surprenante. Mais dans les circonstances actuelles, on pense qu’il pourrait rebondir à la tête de l’Union pour la République (UPR, parti de la majorité présidentielle)». Une manière de le préparer dès maintenant à l'échéance présidentielle de 2019.

En effet, ce départ intervient quelques jours après une visite du Premier ministre, Yahya Ould Hademine, dans les régions de l’Est.

Cette zone est considérée comme un véritable réservoir électoral du pays.

Un périple au cours duquel le chef du gouvernement aurait touché du doigt l’ampleur de la tâche qui attend le président de la République pour faire passer son projet de révision constitutionnelle. D’où serait née l’idée de placer Moulaye Ould Mohamed Laghdaf à la tête de la formation présidentielle en vue de réorganiser un appareil politique grippé, à quelques semaines d’une consultation électorale «majeure».

Cependant, une autre version circule à Nouakchott. En se rendant à l’Est, la semaine dernière, le Premier ministre, Yahya Ould Hademine, a demandé au désormais ancien ministre, secrétaire général de la présidence, de l’accompagner. Originaires tous les deux de la même région de Néma (grand Est), les deux hauts responsables n’en sont pas moins de farouches «ennemis» politiques. D’où un refus sec de la part de Ould Mohamed Laghdaf de faire partie de la délégation dirigée par «un adversaire».

Ainsi, dans la deuxième hypothèse, l'actuel Premier ministre aurait tout simplement convaincu le président de la nécessité de se séparer de son secrétaire général qui est présenté comme le joker du président de la République dans la perspective d’une succession interne en 2019.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 29/05/2017 à 20h29, mis à jour le 29/05/2017 à 21h34