Très discrète depuis le début des tractations diplomatiques et sécuritaires visant la mise sur pied de la force conjointe du G5 Sahel dédiée à la lutte contre le terrorisme et le banditisme transfrontalier, la Mauritanie a exposé sa position en marge du sommet des chefs d’Etats de l’organisation dont les assises se sont déroulées dimanche à Bamako, en présence du président français, Emanuel Macron.
Une vision du G5 Sahel -Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad- exprimée par la voix du président Mohamed Ould Abdel Aziz et expliquée lors d'un entretien accordé à Radio France international (RFI).
Pour le chef de l’Etat mauritanien, il est hors de question de s’engager dans cette opération sans moyens financiers, car «il ne faut pas seulement harceler les groupuscules terroristes», comme cela a pu être le cas par le passé, mais «les neutraliser durablement. Ce qui devrait prendre plus de temps».
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Livrant son analyse de la situation sur le terrain, le président mauritanien constate: «la menace s’est étendue géographiquement, complexifiée avec la création de nouveaux groupes à connotation ethnique et la détresse croissante de certaines populations, là où l’Etat reste absent, les rendant de plus en plus inféodées aux groupuscules terroristes qui contrôlent leur zone, par les armes, comme par l’argent».
Ainsi, pour Mohamed Ould Abdel Aziz, une réelle conscience de ces problèmes, alliée à la volonté politique du G5 et de ses partenaires, mais aussi et surtout, les moyens mis à la disposition des pays membres de l’organisation sous-régionale, permettraient de venir à bout du monstre terroriste, du banditisme transfrontalier et de l’insécurité.
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Au sujet des moyens, la France a promis 8 millions d’euros sur 5 ans, plus des équipements et un soutien renforcé de Barkhane. Côté africain, chaque Etat s’est engagé à hauteur de 10 millions d’euros. Mais les moyens financiers nécessaires à l’accomplissement de la mission de la force conjointe du G5 Sahel dans la durée seraient de l’ordre de 430 millions d’euros, selon diverses évaluations.
Le chef de l’Etat mauritanien a affirmé au passage ses bonnes dispositions pour le déploiement d’un bataillon à la frontière avec le Mali. La Mauritanie et le Mali ont une frontière commune (poreuse) de 2.000 kilomètres. Ce qui apparait comme une goutte d’eau dans un immense désert.
En dépit d’un discours «guerrier» constant, au cours des dernières années, certains observateurs n'ont pas manqué de mettre en doute «une volonté réelle» du pouvoir de Nouakchott de lutter contre le terrorisme.
Toutefois, sans financements conséquents, nombre d'observateurs estiment que la force conjointe ne pourra pas remplir convenablement sa mission.