Nouakchott ne veut visiblement pas redevenir membre de la CEDEAO dont elle faisait pourtant partie lors de sa fondation en 1975. Elle vient de signer ce mercredi à Lomé, un accord de libre-échange, en marge de la rencontre Afrique subsaharienne-Amérique, dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), centré sur le secteur privé et la société civile.
Ce document a été paraphé par le ministre sénégalais du Commerce et des PME, Alioune Sarr, en qualité de président en exercice du Conseil des ministres de la CEDEAO, et la ministre mauritanienne du Commerce, de l’industrie et du tourisme, Naha Mint Mouknass.
Pour rappel, les chefs d'Etat de la CEDEAO avait refusé de valider un accord d’association Mauritanie-CEDEAO, pourtant signé à Nouakchott un mois plutôt et présenté à l’occasion de leur 16e sommet tenu à Monrovia (Liberia) les 4 et 5 mai 2017.
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Ils avaient notamment demandé à la Mauritanie de formuler une demande de réintégration en bonne et due forme. Cela, au moment où le royaume du Maroc et la Tunisie, deux pays membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA), au même titre que la Mauritanie, sollicitaient respectivement un statut de membre de plein droit et celui d’observateur.
L’accord de libre-échange qui vient d'être signé devra être validé par le prochain sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’organisation qui se tiendra en décembre prochain à Lomé et où le roi Mohammed VI a été officiellement convié.
Au terme des négociations organisées à Nouakchott, la Mauritanie et la CEDEAO avaient annoncé la signature d’un accord d’association.
Les deux parties affirmaient notamment être parvenues «à un texte consensuel qui contribuera au rapprochement des populations de l’ensemble de la région Afrique de l’Ouest et au renforcement des relations économiques entre les états de l’organisation et la Mauritanie».
En vertu de l’accord, les 2 parties s’étaient engagées «à renforcer leur coopération dans tous les domaines d’intérêt commun, notamment l’institution du libre-échange, l’application du Tarif extérieur commun (TEC), la promotion de la libre circulation des personnes, le développement d’une politique commerciale commune, toutes choses devant favoriser l’accroissement des échanges à l’intérieur de la région et la création du marché commun de l’Afrique de l’Ouest».
Du coup, la signature de l’accord de libre-échange du mercredi 9 août 2017, à la place de l’accord d’association, apparaît comme une alternative à minima de ce que devait être l'accord d'association. Est-ce un pas intermédiaire pour arriver à l'exigence de la CEDEAO de refaire de la Mauritanie de nouveau un membre? Difficile de le dire.
Cela ressemble pour le moment à une révision à la baisse des ambitions de la partie mauritanienne. Ce qui explique l’adoption d’une démarche à doses homéopathiques, dans la mesure la Mauritanie ne s’est pas encore décidée à présenter une demande de réintégration.
Conformément à ce qui avait été décidé au mois de mai, les deux parties vont poursuivre les efforts en vue de la finalisation de la signature de l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne (UE).
En plus de cela, l’accord de libre-échange permettra «d’entreprendre sans délai les travaux en vue de la convergence de leurs différents tarifs douaniers, avec une implication de la Mauritanie dans le cadre de la mise en œuvre du TEC-CEDEAO»
Membre fondateur de la CEDEAO, la Mauritanie a quitté l’organisation en 2000 «pour se consacrer à la construction de l’Union du Maghreb arabe ‘(UMA)» une Communauté économique régionale (CER) dont les autres membres sont l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie
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Le Maghreb est la communauté la moins intégrée de toutes les CER de l’Union Africaine du fait des querelles entre les différents états membres.
La CEDEAO représente un marché de 350 millions de consommateurs, avec un produit intérieur brut (PIB) de 733 milliards de dollars US, soit une des 20 premières économies du monde.
La Mauritanie compte une population de 3,5 millions d’habitants et affiche un produit intérieur brut (PIB) de 2 milliards de dollars.