La Fondation pour l’Égalité des chances en Afrique, créée il y a quelques années par le banquier et opposant au régime mauritanien, Mohamed Ould Bouamatou, a participé au financement de la campagne contre la traque de l’ancien dictateur gambien Yaya Jammeh, chassé du pouvoir en janvier 2017 après 22 ans de règne.
La mèche a été vendue par le célèbre avocat américain Reed Brody, qui travaille au profit de l’ONG Human Right Watch (HRW), dans le cadre de l’assistance à l’association des victimes de l’ancien régime de Banjul, en vue de réunir les conditions d’un procès de l’ex-homme fort de Gambie, Yaya Jammeh.
Dans un entretien accordé à RFI, l’avocat reconnaît «que derrière la campagne, il y a plusieurs bailleurs de fonds, notamment une fondation présidée par l’opposant mauritanien Mohamed Ould Bouamatou».
En référence «aux relations qui existaient entre les régimes de Banjul et Nouakchott au temps de Yaya Jammeh, ne craignez-vous pas que votre campagne soit instrumentalisée par l’opposition mauritanienne?», l'interroge le journaliste.
Réponse de maître Brody: «Les ONG qui sont investies dans cette affaire agissent en toute indépendance. Je trouve intéressant que, pour la première fois, un bailleur africain participe à une campagne dans un pays africain.»
Revenant à la charge, le journaliste de RFI insiste: «Vous savez que le président de cette fondation est un opposant mauritanien.»
Réplique de l’avocat: «Je sais qu’il a été dépossédé par le gouvernement mauritanien, qu’il vit en exil au Maroc. Mais ce que nous faisons pour les victimes gambiennes n’a rien à voir avec la Mauritanie.»
Reed Broody figure au rang des traqueurs les plus actifs de l’ancien dictateur tchadien, Hissein Habré, dont il a réussi à faire défferrer le dossier devant les Chambres africaines extraordinaires, une juridiction ayant siège à Dakar, et qui a condamné l’ancien chef d'Etat tchadien à la réclusion perpétuelle.
Mohamed Ould Bouamatou est un ex-allié de l’actuel président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Il a joué un rôle important après le coup d’État du 6 août 2008 et dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel, grâce à ses multiples réseaux, en France et avec l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, selon l’avis de nombreux observateurs.
En froid depuis avec le pouvoir de Nouakchott, le banquier est actuellement sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis le 1er septembre dernier, dans le cadre d’une information ouverte pour présomption de corruption. Une affaire impliquant également 12 anciens sénateurs, des dirigeants de syndicats et des hommes de médias. La conséquence d'une révision constitutionnelle contestée par l’opposition et approuvée par voie référendaire le 5 août dernier.